Des membres d’un gang de Montréal-Nord font parler d’eux à Vancouver, confirme la police locale. Le groupe criminel connu sous le nom de « Zone 43 » par les autorités est impliqué dans le trafic de stupéfiants dans l’ouest du pays et pourrait être lié à au moins deux évènements violents hors du Québec.

« Nous connaissons Zone 43. Certains membres de ce groupe ont déjà été interpellés par nos agents à Vancouver, particulièrement dans l’est du centre-ville », affirme Tania Visintin, des relations médias du service de police de Vancouver.

La porte-parole fait référence au quartier connu sous le nom de Downtown Eastside.

Le territoire abrite de nombreuses personnes en situation d’itinérance aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation de drogues dures.

Un article du Vancouver Sun a rapporté à la mi-juin que les occupants du quartier Downtown Eastside faisaient face à plus d’évènements violents depuis l’implantation de membres du gang de rue montréalais dans la métropole de la Colombie-Britannique.

Lisez l’article du Vancouver Sun « More fear and violence in the Downtown Eastside since Montreal gang moved in » (en anglais)

Il est question de membres du gang de rue de Montréal-Nord aperçus dans les quartiers chauds de Vancouver.

Violence armée

Selon des informations d’abord parues dans le Vancouver Sun et que La Presse a pu faire valider, le gang de rue de Montréal-Nord serait lié à au moins deux évènements récents de violence armée survenus à Vancouver, notamment une fusillade avec deux blessés datant du 1er juin qui s’est déroulée dans le secteur d’East Hastings au centre-ville. Au total, huit suspects ont été arrêtés en lien avec cette tentative de meurtre qui s’est déroulée en plein jour.

Un autre homme a été blessé par balle le 11 juin dernier dans le même secteur en fin de soirée.

« Nous ne pouvons divulguer de détails sur des enquêtes ou des évènements liés à ce groupe », a ajouté l’agente Visintin.

Le journal The Province a rapporté début juin une recrudescence des tensions en lien avec la présence du gang de rue de Montréal-Nord à Downtown Eastside.

Lisez l’article « Violent Montreal street gang now selling drugs in Vancouver » (en anglais)

Selon un reportage du quotidien, sa présence inquiète les résidants qui craignent des tensions avec les trafiquants et revendeurs de drogue déjà présents sur le territoire. La police de Vancouver n’a pas pu confirmer si c’était bel et bien le cas actuellement.

Nous savons que lorsqu’un groupe criminel fait son entrée sur un nouveau territoire, cela peut mener à de nouveaux conflits ou à des tensions.

Le service de police de Vancouver (Vancouver Police Department)

Les autorités locales confirment faire face à des conflits entre gangs dans toute la province. « Il y a un grand nombre de groupes criminels impliqués. Nous sommes conscients que leur présence peut être déstabilisante et créer des tensions. »

Les policiers de Vancouver n’excluent pas que les bandits montréalais présents sur leur territoire aient formé des alliances sur place, selon nos informations.

Montréal-Nord en guerre

Nos sources policières identifient deux groupes liés à Zone 43 comme étant particulièrement actifs dans les trois dernières années : Popteam et Strap Boys Family (SBF). Ce dernier est considéré comme une clique émergente. « Zone 43 » ou « Secteur 43 » désigne plus largement le territoire de Montréal-Nord.

Rappelons que les gangs de rue du secteur de Montréal-Nord sont enlisés dans un violent conflit avec leurs rivaux de Rivière-des-Prairies, les Profit Boys.

Plusieurs membres sont actuellement incarcérés, ce qui pourrait – selon nos sources – expliquer l’accalmie en matière de violence armée dans le secteur.

Toujours selon nos sources policières, le secteur de Montréal-Nord démontre des signes d’hostilité avec le secteur de Laval-des-Rapides, communément appelé « Zone 2 » dans la rue. Les autorités considèrent une possible alliance entre les gangs de Montréal-Nord et de Villeray, un secteur également impliqué dans un conflit avec les gangs d’allégeance rouge de Laval.

Portrait de la situation

Fraude, vieux conflit ravivé, désir de se protéger et attitude ostentatoire… Les causes de la flambée de violence armée des dernières années sont vastes, selon un document du Module de renseignement criminel du SPVM consulté par La Presse.

On constate une prolifération de la demande d’armes à feu à Montréal au sein du monde criminel, résume-t-on. « Des activités criminelles ont également été citées, par exemple la fraude de la PCU, comme étant des éléments contributifs à cette facilité d’accès », écrit le sergent-détective Philippe Rossignol dans un rapport public déposé à la Régie des alcools, des courses et des jeux lors d’une audience la semaine dernière.

Besoin ressenti d’assurer sa protection personnelle, fait d’assurer la protection d’une autre personne et démonstration de force en personne et virtuellement… Dans un contexte de conflit et de glorification des armes à feu, de nouveaux paradigmes ont fait leur apparition et pourraient expliquer la prolifération des armes à feu chez les jeunes criminels, selon ce rapport.

Conflits personnels et alliances

L’expert du renseignement criminel note aussi un désir de vengeance, résultat de conflits personnels.

Les gangs de rue continuent à s’identifier par les couleurs bleu et rouge. Mais ces allégeances traditionnelles ne sont plus au cœur du conflit. « Bien que certains conflits puissent être très éphémères, d’autres perdurent et se transmettent même à d’autres individus qui n’étaient pas initialement concernés. Enfin, malgré les nombreux conflits en cours, il ne faut pas oublier qu’il y a plusieurs alliances non traditionnelles entre gangs. Par exemple, des sujets font des liens en prison, rouges et bleus », note le sergent-détective.

Ces alliances sont susceptibles d’attiser les conflits. « Deux des principaux conflits actifs de violence armée qui touche dernièrement la ville de Montréal opposent des groupes de Montréal-Nord contre des groupes de Rivière-des-Prairies ainsi que des groupes de Laval contre des groupes de Villeray », résume le policier.