(Ottawa) Des enquêteurs militaires tentent maintenant de déterminer ce qui a causé l’écrasement d’un hélicoptère Chinook lors d’un exercice d’entraînement dans la nuit de mardi, en Ontario, tuant deux membres d’équipage et en blessant deux autres.

Les corps des deux militaires portés disparus après l’accident ont finalement été retrouvés mardi soir, après d’intenses recherches dans la rivière des Outaouais, près de Petawawa, à environ 160 km au nord-ouest d’Ottawa.

Quatre personnes se trouvaient à bord de l’hélicoptère militaire lorsqu’il s’est abîmé dans la rivière peu après minuit, mardi, lors d’un exercice d’entraînement près de leur base de Petawawa, où est rattaché le 450e Escadron tactique d’hélicoptères.

Les deux autres membres de l’équipage avaient été retrouvés rapidement mardi par les pompiers de la Garnison de Petawawa et transportés à l’hôpital de Pembroke, pour des blessures mineures. Selon l’armée canadienne, ces deux survivants ont depuis quitté l’hôpital « et le personnel médical des Forces armées assure le suivi ».

« On nous rappelle aujourd’hui que ça peut être un travail dangereux, qu’il soit effectué à l’appui d’opérations militaires ou lors d’un entraînement, a déclaré le général Wayne Eyre, chef d’état-major de la défense. Nos collaborateurs connaissent les risques et ils les prennent volontiers […] parce qu’ils comprennent l’importance de leur travail. »

À la demande des familles, les Forces armées ne divulgueront pas l’identité des militaires qui sont morts dans l’accident.

« Nos cœurs se brisent pour les membres du 450e Escadron et les familles qui ont perdu des êtres chers », a déclaré mercredi matin la ministre de la Défense, Anita Anand. Mercredi après-midi, le Sénat et la Chambre des communes ont observé une minute de silence pour les victimes et leurs proches.

« Je sais que l’ensemble du 450e Escadron, l’ensemble des Forces armées canadiennes sont sous le choc de cette perte et nous ferons tout notre possible pour (les) soutenir », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau aux journalistes en se rendant à la période des questions.

La « boîte noire »

Des responsables ont déclaré mercredi que ces membres de l’Aviation royale canadienne participaient à une formation normale pour premiers officiers, et qu’il y avait deux pilotes et deux membres d’équipage à bord de l’hélicoptère. L’aéronef était par ailleurs doté d’une « boîte noire », mais on ne sait pas si elle a été récupérée dans l’épave.

Comme l’hélicoptère s’est abîmé dans la rivière des Outaouais, l’armée mène aussi des opérations de confinement et de décontamination près du site de l’accident et les plaisanciers sont priés d’éviter le secteur. Les résidants de la région sont également invités à rester à l’écart des plages et du rivage jusqu’à la fin des travaux. Les militaires demandent par ailleurs aux plaisanciers de rester à l’écart de ce secteur pendant l’enquête.

L’ancien commandant de l’Aviation royale canadienne André Deschamps a souligné que le travail des enquêteurs est compliqué du fait que l’accident s’est produit dans l’eau. « La rivière des Outaouais est une rivière qui se déplace assez rapidement », a rappelé le lieutenant-général à la retraite. Il estime par ailleurs que l’enquête a dû commencer « presque en même temps » que la mission de recherche et sauvetage.

Les hélicoptères Chinook servent au transport de personnel et d’équipement ; ils ont été notamment utilisés lors de catastrophes naturelles et de situations d’urgence dans tout le pays. La version canadienne, le CH-147F, a été modifiée spécifiquement pour les vols long-courriers avec une plus grande capacité de carburant, a déclaré M. Deschamps.

Problèmes aux États-Unis

L’armée ne spécule pas sur ce qui a pu causer l’accident de mardi, alors que l’enquête est toujours en cours. En août dernier, l’armée de l’air américaine avait temporairement cloué au sol sa flotte d’environ 400 Chinook, après que des fuites de carburant ont provoqué un petit nombre d’incendies de moteur.

À l’époque, le ministère canadien de la Défense a déclaré qu’il n’y avait pas eu de tels problèmes avec sa flotte, mais il vérifiait auprès du constructeur, Boeing, et de l’armée américaine pour déterminer si des réparations ou des mises à niveau étaient nécessaires.

« S’il y a un problème, les informations sont partagées entre tous les utilisateurs dans le monde afin que chacun puisse évaluer si sa flotte nécessite ou non une attention particulière », a déclaré M. Deschamps.

Un porte-parole de Boeing a refusé mardi de répondre aux questions quant à savoir s’il y avait eu des problèmes signalés avec la flotte canadienne, renvoyant tous les commentaires à l’armée. Le ministère de la Défense nationale n’a pas répondu à ces questions.

Entre-temps, la flotte de 15 CH-174F Chinook basée à Petawawa est clouée au sol. « Il n’y a pas de pause officielle dans les opérations de la flotte pour le moment. Cependant, la flotte fera une pause par respect pour cet incident tragique et pour tous les membres du 450e Escadron », a indiqué la ministre Anand.