Même si les chances que ses cinq passagers soient encore vivants sont à peu près nulles, les recherches s’intensifient afin de retrouver le sous-marin Titan, disparu dans l’Atlantique depuis dimanche. Une course contre la montre qui fascine et qu’on suit « comme un feuilleton ».

Où en sont rendues les recherches du Titan ?

Des avions, des bateaux, des robots sous-marins et des sonars sont déployés dans l’espoir de retrouver le submersible. Le nombre d’avions et de bateaux de recherche bondira de cinq à dix d’ici vendredi, a annoncé mercredi le capitaine Jamie Frederick, de la Garde côtière des États-Unis. Les premiers renforts arriveront jeudi matin. Le hic : le Titan devrait avoir épuisé son oxygène à 7 h 08 jeudi matin, selon la Garde côtière. « Je serais très surpris qu’ils décident d’abandonner les recherches », a dit le professeur de plongée professionnelle à l’Institut maritime du Québec Dany St-Cyr.

PHOTO JOSEPH PREZIOSO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le capitaine de la Garde côtière des États-Unis, Jamie Frederick, en conférence de presse à la base de Boston mercredi

Des sonars déployés par des avions P-3 canadiens ont détecté des bruits sous l’eau dans la nuit de mardi à mercredi. Il pourrait s’agir des membres de l’équipage qui frappent l’intérieur du sous-marin. Les recherches ont été déplacées vers la zone d’où les bruits proviennent, mais ne sont toujours pas concluantes. Dans le cas où le Titan serait localisé, les équipements de sauvetage appropriés seront déplacés sur les lieux pour repêcher le sous-marin. Le submersible pourrait être jusqu’à 4000 mètres de profondeur dans l’océan Atlantique. Le président de l’Association générale des amicales de sous-mariniers, Dominique Salles, avait expliqué en entrevue avec La Presse, mardi, que cette opération serait « beaucoup plus longue » que des « dizaines d’heures ». Les recherches couvrent une étendue qui fait deux fois la superficie du Connecticut, soit 26 000 km⁠2, jusqu’à 3800 m de profondeur dans l’océan.

PHOTO FOURNIE PAR LES FORCES ARMÉES CANADIENNES, REUTERS

Pilote de l’Aviation royale canadienne participant aux efforts de recherches au-dessus de l’Atlantique

Pourquoi les péripéties du Titan sont-elles autant médiatisées ?

La saga du Titan, « c’est comme un feuilleton », estime Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal. L’enchaînement des nouvelles découvertes et des mises à jour forme une continuité dans l’histoire, explique-t-il. Qui plus est, il y a un suspense : le sous-marin sera-t-il repêché avant l’heure fatidique à partir de laquelle il n’y aura plus d’oxygène ? Cet élément « drama » est grandement responsable de la popularité du récit, selon M. Roy.

Le statut des membres à bord du Titan retient également l’attention. « Puisque ce sont des millionnaires, il y a une sorte de curiosité morbide » à leur égard, souligne le professeur. Tous occidentaux, les passagers attirent davantage l’attention des médias. En comparaison, plus de 400 migrants sont morts en tentant de traverser la mer Méditerranée lors des trois premiers mois de l’année 2023. La médiatisation de ces accidents reste moindre, car ils sont « plus éloignés » de nous, indique M. Roy.

Le Titan est-il sécuritaire ?

PHOTO FOURNIE PAR OCEANGATE EXPEDITIONS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le submersible Titan n’a été certifié par aucun organisme de régulation.

Un ancien cadre d’OceanGate, l’entreprise qui a construit le Titan, avait été licencié en 2018 après avoir soulevé des failles quant à la sécurité du sous-marin. David Lochridge, ancien directeur des opérations marines de l’entreprise, s’était notamment inquiété que le hublot avant du Titan fût conçu pour supporter une pression à 1300 m de profondeur sous l’eau, alors que le sous-marin plonge jusqu’à 4000 m de profondeur, où la pression est beaucoup plus élevée. D’anciens passagers du Titan, dont le journaliste David Pogue, qui a fait l’expédition en 2022, a aussi confirmé que le sous-marin n’était pas sûr à différents médias. M. Pogue compare l’intérieur du Titan à celui d’une fourgonnette. Plusieurs pièces du sous-marin semblaient improvisées, a raconté M. Pogue dans un récit publié sur CBS. Pire, le submersible est piloté à l’aide d’une manette Logitech G F710 de la console de jeux vidéo Xbox, que l’on peut retrouver en vente au coût de 40 $. Le sous-marin Titan n’a été certifié par aucun organisme de régulation.

Pourquoi le Titan est-il recherché ?

Le Titan permet à des touristes de l’océan de visiter l’épave du Titanic. Ainsi, le navire de recherche Polar Prince a conduit le sous-marin sur le site au-dessus de l’épave du mythique navire dimanche matin. Environ 1 h 45 min après sa mise en plongée, le Polar Prince aurait perdu toute communication avec le Titan. Ce n’est qu’à 21 h 13 que le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage à Halifax a déclaré que le sous-marin était porté disparu. Le Titan devait rester dans les fonds marins pour une durée de six à huit heures. L’entreprise OceanGate vend les expéditions pour visiter l’épave du Titanic au coût de 330 000 $ depuis 2021. Le milliardaire Hamish Harding, l’homme d’affaires Shahzada Dawood, ainsi que son fils Suleman, âgé de 19 ans, sont dans le sous-marin, tout comme l’océanaute français Paul-Henri Nargeolet. Le fondateur et directeur général d’OceanGate, Stockton Rush, est aussi à bord du Titan.