Sobhi Akra, qui a agressé sexuellement huit jeunes femmes, dont deux adolescentes, en pleine rue et parfois en plein jour, purgera sa peine de 16 mois en prison, et non à la maison comme il l’espérait.

Au moment de rendre sa sentence, le juge Alexandre St-Onge a évoqué le nombre élevé de victimes, la vulnérabilité de ces dernières lors des agressions et les conséquences des crimes commis.

« L’incarcération ferme est ici la seule peine convenable pour exprimer la réprobation et pour décourager les comportements analogues futurs », a dit le juge St-Onge, lundi après-midi, au palais de justice de Montréal.

Les victimes ont subi des conséquences importantes, qui se recoupent dans leurs témoignages écrits, estime le juge. Il a souligné leur peur de marcher seule dans la rue, leur état d’hypervigilance, la modification de leurs habitudes de vie, leur colère envers leur agresseur et la perte de leur sentiment de liberté.

En janvier 2022, l’homme de 39 ans et père de quatre enfants avait plaidé coupable à cinq chefs d’accusation d’agression sexuelle et trois chefs d’accusation de tentative d’agression sexuelle.

L’accusé a commis les agressions entre octobre 2017 et novembre 2018. Le délinquant surprenait ses victimes de dos, en empoignant leurs seins ou leurs parties génitales. Il a notamment glissé sa main sous la jupe de l’uniforme scolaire d’une jeune fille de 17 ans qui se rendait à l’école.

« Tu es tellement sexy, je veux te donner du plaisir », a-t-il lancé à l’une des victimes, a rappelé le juge St-Onge.

La loi C-5 invoquée

L’accusé n’a aucun antécédent judiciaire. Son risque de récidive a été évalué comme étant plus faible que la moyenne.

En février, le juge St-Onge a demandé aux deux parties de se prononcer sur la loi fédérale C-5, adoptée en novembre 2022, qui permet aux délinquants sexuels, notamment, de purger leur peine dans la collectivité à certaines conditions.

L’avocat de la défense, Me Réginal Victorin, qui avait préalablement demandé six mois moins un jour d’incarcération pour éviter à l’agresseur d’être expulsé vers le Liban, son pays d’origine, a encouragé le juge à trancher en faveur d’une peine avec sursis.

De son côté, la poursuite n’a pas changé sa position, malgré l’adoption du projet de loi C-5, et réclamait 22 mois de détention.

Bien qu’au final, la peine ordonnée soit plus courte que celle réclamée par MCarolyne Paquin, procureure de la Couronne, elle était satisfaite du jugement. « Le tribunal a bien détaillé les conséquences des crimes sur les victimes, conséquences qui persistent plusieurs années après les faits », a-t-elle souligné en entrevue téléphonique.

Le réseau des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) est soulagé de la peine imposée par le juge St-Onge, principalement pour les victimes.

« On veut que la société regagne confiance envers le système de justice », a souligné la coordonnatrice aux communications et relations publiques du CAVAC, Karine Mac Donald, jointe au téléphone. Selon le CAVAC, les peines avec sursis ne devraient pas être ordonnées dans le cadre de crimes sexuels.

Rappelons qu’en janvier dernier, soit peu de temps après l’adoption de la loi C-5, un agresseur sexuel a été condamné à 20 mois de prison à purger dans la collectivité. Jonathan Gravel, 42 ans, avait pénétré une femme dans l’anus sans avertissement, en 2014.