Un ex-entraîneur de soccer de la Rive-Sud est accusé d’avoir envoyé une photo de lui complètement nu à une adolescente de 16 ans de son club. « Bella », « darling », « bellissima » : Gustavo Echevarria multipliait les mots affectueux dans ses échanges inappropriés avec la victime.

« J’étais allumé. C’est sûr que je voulais quelque chose en retour », admet l’ancien joueur de l’Impact de Montréal pendant son interrogatoire policier, présenté lundi pendant son procès au palais de justice de Montréal. Gustavo Echevarria avait en effet demandé à l’adolescente d’obtenir quelque chose en « échange » de sa photo.

Le Lavallois de 56 ans est accusé de leurre et d’avoir rendu accessible à un enfant du matériel sexuellement explicite, des chefs déposés par voie sommaire, donc de nature moins grave que par acte criminel. La peine minimale est de six mois de prison.

En 2020, Gustavo Echevarria était directeur technique du club l’Arsenal de Chambly. L’ex-joueur de l’Impact (en 1994-1995) était « vraiment amical » avec les jeunes du club, a témoigné la victime lundi. L’adolescente, qui évoluait au sein du club, le connaissait depuis des années. Une ordonnance de la cour protège son identité.

Dès 2019, Gustavo Echevarria échangeait régulièrement avec l’adolescente sur l’application Messenger. L’accusé écrivait souvent de longs messages philosophiques à la victime, qui répondait de façon laconique.

Puis, en août 2020, Gustavo Echevarria envoie une photo de lui, torse nu, devant un lac. À 23 h 41, il écrit à l’adolescente les paroles du hit de 1998 des Vengaboys : « Boom, boom, boom, boom, I want you in my room » (Je te veux dans ma chambre).

Gustavo Echevarria envoie ensuite à l’adolescente une photo de lui nu, l’organe sexuel bien visible. La photo présentée en cour cache le visage de l’homme. « Tu vois un peu ma partie de loin. T’es prête ? », écrit-il.

Il ajoute toutefois que ce n’est pas lui sur la photo, mais avouera plus tard aux policiers qu’il s’agit bien de lui.

« Pas mal ? Je sais que tu préfères mes jambes et mes fesses haha. Bon, j’efface tout ça, ma belle. C’est toi qu’on doit contempler. Alors tu vas effacer ? Ou tu vas apprécier quelques minutes ? Mais au moins, tu as aimé la photo, non ? », écrit Gustavo Echevarria.

L’accusé enjoint à la victime de supprimer leur conversation et lui explique comment procéder. « Est-ce trop osé ma photo ? », écrit-il finalement. L’adolescente cesse alors de lui répondre. L’accusé lui envoie plusieurs messages vocaux pour s’excuser.

Il y avait des « avances des deux côtés », explique Gustavo Echevarria dans son interrogatoire policier en 2020. Il était toutefois « conscient » que leur discussion était un problème, quoique « surtout moral », puisque la victime était « mineure et pas mineure ». Il laisse ainsi entendre que cela était permis, comme elle avait 16 ans.

Précisons qu’il est criminel de transmettre du matériel sexuellement explicite à une personne de moins de 18 ans.

Le soir où il a envoyé sa photo de lui nu, Gustavo Echevarria explique qu’il était « allumé » par une autre conversation. Il convient qu’il voulait « quelque chose en retour » de la part de l’adolescente, mais pas nécessairement une photo, afin de « continuer le jeu ». « Probablement que c’était de la manipulation », lâche-t-il.

MHugo Rousse représente le ministère public, alors que MDavid Leclair défend l’accusé. Les plaidoiries sont prévues mardi.