Une « attaque de groupe » où un ancien policier est « ciblé », lui laissant des séquelles physiques et de lourds traumatismes : le ministère public demande 10 ans d’incarcération de deux hommes accusés de l’invasion au domicile de Pierre Poletti, ex-enquêteur du crime organisé du SPVM.

« On parle d’une attaque de groupe planifiée et préméditée », a expliqué le procureur de la Couronne MPhilippe Vallières-Rolland vendredi matin au palais de justice de Montréal.

Le 12 juin 2020 dans l’arrondissement de LaSalle, trois hommes ont fait irruption à la résidence de Pierre Poletti, enquêteur à la retraite et spécialiste du crime organisé, pendant qu’un quatrième complice les attendait dans sa voiture.

Lorsque M. Poletti a répondu à la porte, en robe de chambre, les trois suspects ont sauté sur lui et l’ont frappé, notamment à coups de brique et de balai à neige. Un des hommes a même crié : « tue-le, c’est lui, tue-le », avant que le trio quitte rapidement les lieux.

Mitchaino Bruno et Yadley Deutz-St-Jean sont accusés d’avoir pris part à l’attaque. Les deux autres complices ont déjà subi leur procès.

M. Poletti a souffert de quelques blessures, lacérations et ecchymoses et sa mère, âgée de 82 ans, a également été molestée dans la bagarre.

Le ministère public demande la même peine pour les deux accusés, malgré le peu d’antécédents judiciaires de Yadley Deutz-St-Jean.

Son complice Mitchaino Bruno a quant à lui une longue feuille de route en matière de criminalité. On rapporte également huit manquements disciplinaires en prison.

Terreur nocturne, insomnie, peur que les assaillants reviennent à la charge : la brutale agression a laissé la victime, un ancien enquêteur au crime organisé, avec une anxiété persistante. Il n’a pas pu réintégrer les forces de l’ordre à temps partiel et a dû arrêter de donner des cours au cégep.

Il vit avec un besoin constant de « regarder par-dessus son épaule », ajoute le procureur de la Couronne.

« C’est une attaque de groupe. C’est pourquoi on ne fait pas de distinction entre le niveau de participation des deux accusés », a renchéri MVallières Rolland.

La mère de M. Poletti, témoin de l’attaque survenue en juin 2020, a été poussée par les assaillants. Elle a dû elle aussi composer avec de nombreux traumatismes.

« La preuve démontre seulement qu’il y avait un individu visé. [Les accusés] ne savaient que la mère était là », estime l’une des avocates de la défense, MNoémie Tellier.

MAlexie Galarneau, l’avocate de M. St-Jean, demande 5 ans d’incarcération. MTellier suggère 6 ans pour son client.

Le juge Alexandre Dalmau a condamné le « travail d’amateur » des deux accusés. « Ça en dit gros sur leur dangerosité », a-t-il ajouté. Il a également souligné fait que l’agression ait été commise à l’intérieur d’une résidence privée, devant une femme âgée.

Il rendra sa décision sur la peine le 14 juillet prochain.