Une jeune élève a été happée par la conductrice d’un véhicule automobile près de l’école primaire Félix-Leclerc à Saint-Constant, sur la Rive-Sud de Montréal, mardi. Les autorités ne craignent pas pour sa vie.

La collision est survenue vers 17 h 05 à une traverse piétonne du boulevard Monchamp, non loin de l’intersection avec la rue des Oliviers, à 200 mètres de l’établissement scolaire.

Sandra Blouin, agente aux relations communautaires et médiatiques de la Régie intermunicipale de police Roussillon, note qu’une conductrice dans la vingtaine s’était immobilisée afin de laisser passer un groupe d’enfants qui traversait le boulevard de quatre voies situé dans un secteur résidentiel.

« La conductrice est ensuite repartie, mais elle a happé une jeune fille de 12 ans qui a traversé après le groupe », dit-elle.

Des passants et des automobilistes sont venus en aide à la jeune blessée, qui a été transportée en ambulance au centre hospitaliser Anna-Laberge à Châteauguay.

Selon un porte-parole de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie, la jeune victime avait des blessures à la tête, mais sa vie n’était pas menacée.

Le corps de police n’a pas ouvert d’enquête.

En entrevue avec La Presse, le père de la jeune victime dit que la version des faits donnée par la police est erronée. « Premièrement, ma fille vient d’avoir 9 ans, pas 12 ans. Ensuite, il y a beaucoup de témoins, la conductrice ne s’est jamais immobilisée. Et après l’accident, une policière est venue sermonner ma fille dans l’ambulance, alors que c’est ma fille qui avait la priorité, pas la conductrice », dit le père, qui veut garder l’anonymat car il craint des représailles de la part des policiers.

La vitesse maximale à l’endroit où la collision est survenue est établie à 50 km/h. À quelques mètres, la zone scolaire débute, et la vitesse maximale est réduite à 30 km/h. Une piste cyclable protégée de la circulation motorisée est également aménagée le long du boulevard Monchamp.

Les automobilistes « ne se gênent plus »

Anthony de Sousa, qui est passé sur les lieux peu après la collision, mardi, note que le boulevard Monchamp est utilisé par de nombreux automobilistes pour rejoindre la route 132.

« La Ville a installé beaucoup de traverses avec priorité pour les piétons sur le boulevard Monchamp et ailleurs. Je ne peux pas me prononcer sur ce qui s’est passé dans le cas de cette collision, mais globalement, c’est très peu respecté de la part des automobilistes », remarque le résidant de Saint-Constant, ville de près de 30 000 habitants située sur la Rive-Sud de Montréal.

Lui et ses voisins sont d’ailleurs en contact avec la Ville pour demander qu’un arrêt obligatoire soit installé à une traverse piétonne aménagée près de chez lui.

Qu’il s’agisse d’un adulte ou d’un enfant qui désire traverser, les automobilistes n’arrêtent pas. C’est dangereux, surtout avec la taille des véhicules, qui sont de plus en plus gros, et qui causent plus de dommages en cas de collision.

Anthony de Sousa, résidant de Saint-Constant

M. de Sousa observe aussi des excès de vitesse autour de chez lui. « Rouler à 70 km/h dans une zone de 50, c’est courant. En zone scolaire, les gens roulent souvent au-dessus de la limite de vitesse, et c’est toléré. On dirait que depuis la pandémie, les gens ne se gênent plus », dit-il, ajoutant que la Ville a installé peu de dos d’âne à Saint-Constant pour inciter les automobilistes à adopter la vitesse autorisée.

Un message pour le Ministère

Stéphane Huard, directeur des communications de Saint-Constant, note que des bollards avaient été installés pour marquer le passage piéton où la collision est survenue.

Nous avions déjà pris des actions pour sécuriser l’endroit, mais on s’engage à voir comment ou pourrait rendre l’endroit plus sécuritaire encore.

Stéphane Huard, directeur des communications de Saint-Constant

Mardi également, un groupe de parents qui dénoncent le manque d’aménagements sécuritaires pour les enfants qui marchent pour se rendre à l’école ont pu rencontrer la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.

« Nous avons un message clair : que le MTQ [ministère des Transports du Québec] établisse des normes contraignantes pour la sécurisation des trajets vers l’école », dit Ann-Julie Rhéaume, l’une des mères mobilisées pour la sécurité des transports actifs, et qui a coorganisé deux journées de mobilisation panquébécoises plus tôt cette année, dans la foulée de la mort de l’écolière Mariia Legenkovska, happée à Montréal sur le chemin de l’école le 13 décembre dernier.

Selon le bilan préliminaire de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), 50 piétons sont morts et 160 autres ont été gravement blessés au Québec l’an dernier, une hausse de 19 % et de 26 % respectivement par rapport au bilan de 2021. Parmi les piétons victimes d’accidents avec dommages corporels, les enfants et les personnes de 65 ans et plus sont surreprésentés par rapport à leur poids dans la population, remarque la SAAQ.