Le caïd et importateur de cocaïne Raymond Desfossés a été arrêté tôt mardi matin dans une importante opération anti-drogue de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) qui cible également un ancien comédien de la télésérie Omerta, a appris La Presse.

Desfossés, 72 ans, a été appréhendé chez lui, dans la région de Trois-Rivières, pour avoir brisé ses conditions de remise en liberté.

Raymond Desfossés, qui a été libéré d’office aux deux tiers de sa peine en 2017, est toujours sous le coup d’une longue peine de pénitencier pour importation de cocaïne et complot pour meurtre, et sa libération conditionnelle a été suspendue, selon nos informations.

« La Commission des libérations conditionnelles du Canada a émis un mandat d’arrestation, de suspension et de réincarcération dans le cadre d’un manquement à une libération conditionnelle et nous l’avons exécuté », a affirmé le sergent Charles Poirier de la GRC, sans cependant confirmer l’identité de la personne arrêtée.

Desfossés a été arrêté lors d’une série de huit perquisitions effectuées par la GRC dans le cadre d’une enquête sur « une organisation criminelle de la région de Trois-Rivières impliquée dans le trafic de cocaïne », a expliqué M. Poirier.

Environ 70 policiers, enquêteurs, membres du Groupe tactique d’intervention et membres d’autres services de soutien participent à ces perquisitions qui ont commencé à 5 h 30 et qui se déroulent à Trois-Rivières, Montréal, Québec et Saint-Jean-sur-Richelieu.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Ce café du quartier Mile End, à Montréal, a fait l’objet d’une perquisition de la GRC.

Il s’agit de perquisitions en cours d’enquête. Pour le moment, personne n’a été arrêté, sauf Desfossés, pour non-respect des conditions.

Un comédien d’Omerta ciblé

À Montréal, la perquisition a eu lieu au café La Buvanderie situé sur la rue Villeneuve Ouest, dans le quartier Mile End.

Selon nos informations, le café serait tenu par Bruno Diquinzio, un ancien comédien de la populaire télésérie québécoise Omerta télédiffusée de 1996 à 1999.

Au début des années 2010, Diquinzio a été condamné à 12 ans de pénitencier en Colombie-Britannique après avoir tenté d’acheter 50 kilogrammes de cocaïne à un agent double.

En 2000, il avait été condamné à trois ans de pénitencier après avoir été arrêté par les enquêteurs de la GRC dans une affaire de possession d’armes, de trafic de drogue et de possession de faux documents.

Il était recherché par la police lorsqu’il a joué le rôle de Tony Two, un des hommes de main de Nicky Balsamo dans la série Omerta, et il avait changé son apparence et obtenu de fausses cartes d’identité peut-on lire dans des articles de l’époque.

M. Diquinzio n’a pas été arrêté mardi et ne fait l’objet d’aucune accusation pour le moment. Nous avons tenté de le joindre, en vain.

Longue carrière criminelle

Jusqu’en 2017, Desfossés, autrefois associé au Gang de l’ouest, purgeait une peine de 18 ans pour possession de biens criminellement obtenus, importation de cocaïne, recyclage des produits de la criminalité, fraude, trafic de drogue, complot pour meurtre et gangstérisme.

Sa dernière condamnation lui a été imposée à la suite de son arrestation en 2009, dans la foulée des confessions de l’ancien tueur à gages Gérald Gallant.

Ce dernier avait raconté avoir reçu au moins six contrats de Desfossés pour éliminer des individus liés aux Hells Angels, y compris leur ancien chef guerrier Maurice Boucher, durant la guerre des motards qui a eu lieu entre 1994 et 2002.

En 2005, Desfossés avait été condamné pour une affaire d’importation de 750 kilogrammes de cocaïne.

Le caïd a également été détenu aux États-Unis après avoir été reconnu coupable d’un meurtre non prémédité commis en 1985.

À la retraite

Lors de son passage devant les commissaires aux libérations conditionnelles du Canada en 2017, Desfossés, qui a des problèmes de santé, avait déclaré qu’il voulait prendre sa retraite du monde criminel.

Les commissaires, qui avaient noté une série d’améliorations dans son comportement et sa motivation, avaient assoupli certaines conditions spéciales ces dernières années ; notamment, Desfossés n’était plus assigné à résidence, il n’avait plus à respecter un couvre-feu, toute la surveillance électronique avait été abandonnée et il n’avait plus à se rapporter tous les mois dans un poste de police.

Sa libération conditionnelle étant suspendue, Desfossés devra de nouveau se présenter devant les commissaires dans les prochains mois et ceux-ci décideront s’ils le remettront en liberté ou si sa libération conditionnelle sera révoquée.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.