Un conducteur qui a tenté de forcer son passage sur une rue fermée, poussant un signaleur routier avec sa voiture, a forcé cette semaine une intervention policière dans l’ouest de Montréal. L’association représentant les signaleurs appelle à mieux sécuriser les zones de chantiers, à l’aube d’un été « dangereux ».

C’est dans l’arrondissement du Sud-Ouest, au coin de l’avenue Atwater et de la rue Saint-Antoine, où des travaux sont en cours depuis l’automne, que l’évènement s’est déroulé en fin de journée, mercredi, peu avant 18 h. Dans une vidéo d’abord diffusée sur le réseau social TikTok, on peut voir un automobiliste à bord de son véhicule continuer d’avancer, alors que le signaleur lui bloque l’accès.

L’agression dure plusieurs secondes. À un moment, l’automobiliste s’immobilise et semble invectiver le signaleur routier. C’est alors qu’un autre travailleur de la construction aborde le conducteur et lui demande de quitter les lieux. « Tu revires de bord et tu t’en vas », lui lance-t-il, visiblement irrité.

Après d’autres joutes verbales, le conducteur finit par reculer et quitter les lieux, sous le regard ébahi de celle qui avait filmé la scène. L’internaute, qui dit avoir noté la plaque de l’automobiliste, a d’ailleurs indiqué sur TikTok avoir transmis la vidéo au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)

Sa porte-parole, l’agente Jeanne Drouin, confirme qu’une intervention policière a eu lieu et qu’une enquête a été ouverte après la diffusion de la vidéo, jeudi. Le signaleur a été rencontré par les policiers et le conducteur a été localisé. Des accusations pourraient être déposées contre lui, notamment des chefs d’agression armée. Une plainte devra toutefois d’abord être déposée.

« La saison commence mal »

À l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec (ATSRQ), le président Jean-François Dionne déplore que « la saison commence mal ». « On a déjà 210 signaleurs blessés sur nos routes l’an dernier, et ça s’annonce encore pire cette année. Ça va être un été dangereux. On a peur pour notre monde, c’est certain », lâche-t-il.

Pour lui, « les contraventions ne sont pas asses élevées » aux abords d’un chantier. « C’est environ 300 $ plus les frais, et quatre points de démérite. Nous, ce qu’on propose, c’est six points de démérite et 900 $ plus les frais. Disons que ça calmerait pas mal de monde », poursuit M. Dionne, en disant espérer que la police de Montréal intercepte le suspect dans cette affaire.

Son groupe tient toutefois à préciser qu’il n’encourage pas une telle action « comme le signaleur a posée, en restant devant un véhicule.

« C’est très dangereux. Le signaleur ne gagnera pas contre une voiture. Le gars aurait pu peser sur le gaz et l’écraser. Ce qu’on recommande, c’est de s’écarter, prendre des images et appeler le 911. On n’est pas là pour jouer à la police, mais pour assurer la sécurité, sans mettre la nôtre en danger », insiste le président.

L’ATSRQ sollicite d’ailleurs une rencontre urgente avec la Ville de Montréal, afin de « mieux sécuriser les zones de chantier » dans plusieurs secteurs de la métropole jugés « névralgiques » à l’approche de l’été.