Le délinquant dangereux Jean-Pierre Bellemare a été reconnu coupable par un jury d’avoir agressé sexuellement avec une arme à feu deux employées d’une maison de transition. Le jury ignorait que l’accusé avait été condamné l’an dernier à une peine extrêmement sévère pour le kidnapping d’une adolescente.

Un mois de procès, moins d’une journée de délibérations. Les jurés n’ont pas débattu très longtemps pour rendre un verdict unanime de culpabilité jeudi dernier au procès de Jean-Pierre Bellemare, au palais de justice de Montréal. D’emblée, la Couronne a annoncé avoir l’intention de présenter une requête pour le faire déclarer délinquant dangereux.

Cette rare étiquette, Jean-Pierre Bellemare la possède déjà. Il a même été condamné à une peine à « durée indéterminée », une mesure exceptionnelle du Code criminel, en novembre 2022. Il est toutefois en procédure d’appel dans ce dossier. En septembre 2018, il avait participé à l’enlèvement d’une fille de 12 ans qui attendait l’autobus à Sutton. L’adolescente avait heureusement réussi à s’échapper.

La présente affaire se déroule en juillet 2018, à peine quelques semaines avant l’enlèvement de l’adolescente. Portant une cagoule et muni d’une arme à feu, Jean-Pierre Bellemare s’est introduit dans une maison de transition de l’est de Montréal – où il a déjà été hébergé – et s’est attaqué à deux jeunes employées.

« Je vais mourir »

Les deux victimes ont vécu un véritable calvaire aux mains de leur bourreau. « Je vais mourir », s’est dit Geneviève*, l’une des victimes. Quand sa collègue Fanny* lui a demandé ce qu’il voulait, Jean-Pierre Bellemare lui a posé le canon de son arme sur la tête. « You wanna play tough ? [Tu veux jouer dur ?] », lui a-t-il dit, en anglais.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

C’est dans ce local d’une maison de transition de Montréal que Jean-Pierre Bellemare a agressé sexuellement deux employées en 2018.

Jean-Pierre Bellemare a d’abord forcé Fanny à lui faire une fellation, avant d’agresser sexuellement l’autre victime. « J’ai failli vomir », a raconté Geneviève, en relatant en détail l’agression particulièrement éprouvante.

L’assaillant a ensuite lancé du gaz poivre au visage des deux femmes et a pris la fuite. « La douleur que j’ai ressentie était tellement intense que je pensais que je m’étais fait tirer [avec une arme à feu]. Je n’arrivais plus à respirer », a raconté Geneviève.

L’ADN de Jean-Pierre Bellemare s’est retrouvé sur les pantalons et le corps de l’une des victimes, ce qui a permis au ministère public de prouver son identité.

Pendant les évènements, l’assaillant s’exprimait en anglais avec un accent italien, visiblement pour brouiller les pistes, puisque Jean-Pierre Bellemare est francophone.

L’accusé n’a pas présenté de défense. Il se défendait seul. Les observations sur la peine auront lieu dans les prochaines semaines.

MPatrick Lafrenière représente le ministère public.

*Prénoms fictifs pour protéger l’identité des victimes