Un jeune homme qui a poignardé sans raison deux passants l’an dernier n’est pas près de sortir de l’institut psychiatrique puisqu’il a été désigné « accusé à haut risque », une étiquette rare. L’une des victimes a miraculeusement survécu même si le couteau était resté coincé dans son cou.

« Ces personnes étaient de purs innocents qui n’auraient jamais dû être attaqués. Le Tribunal est touché par leurs souffrances, mais le Tribunal est aussi touché par votre parcours de vie, et le fait que vos parents soient toujours là. Je ne peux pas imaginer leurs souffrances de vous voir sombrer ainsi. Ils sont là pour vous aider », a estimé le juge Martin Chalifour, en déclarant Benjamin Webster non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux, au palais de justice de Montréal.

C’est que Benjamin Webster avait un « parfait chemin » de vie jusqu’à l’âge adulte. Puis tout a basculé environ un an ou deux avant les évènements, a décrit le juge. L’homme de 19 ans souffrait ainsi d’une maladie mentale au moment d’attaquer gratuitement les victimes. Les psychiatres ont conclu à une schizophrénie en début d’évolution. Le jeune homme répond toutefois bien au traitement, a souligné le juge, en ordonnant sa détention à l’Institut Douglas.

Deux attaques en quelques jours

Fin mai 2022, vers 1 h du matin, Benjamin Webster s’approche d’un homme qui attend l’autobus sur le boulevard Bishop-Power, dans l’arrondissement de LaSalle, et lui demande l’heure. Quand la victime sort son téléphone, l’assaillant la poignarde, lui infligeant une blessure au rein. Il s’agit d’un étudiant international d’origine colombienne.

Quelques jours plus tard, un homme marche tranquillement près du parc Paul-Séguin dans LaSalle quand Benjamin Webster l’attaque sans avertissement par-derrière. Il lui plante alors un couteau dans le cou. À l’arrivée des secours, la lame y est toujours coincée. Par miracle, l’homme a très peu de séquelles physiques de l’agression. Cependant, il a toujours des maux de tête et il craint de sortir la nuit.

En raison de la gravité des gestes et du risque de récidive violente, le juge a déclaré Benjamin Webster « accusé à haut risque », à la demande des parties. Cette rare désignation permet de restreindre considérablement les sorties d’un délinquant déclaré non criminellement responsable à l’extérieur de l’hôpital, sans toutefois les rendre impossibles.

Les policiers ont mis plusieurs semaines à mettre la main au collet de Benjamin Webster l’an dernier. Les enquêteurs avaient rendu public un portrait-robot du suspect et avaient déployé un poste de commandement mobile dans le secteur.

Notons que quelques semaines après les deux agressions gratuites, un autre passant s’est fait attaquer de façon similaire dans le secteur de LaSalle. L’assaillant avait poignardé l’homme dans le cou, puis l’avait de nouveau poignardé dans le dos alors qu’il tentait de s’enfuir. Benjamin Webster n’a toutefois jamais été accusé pour ce crime.

MMarie-Josée Thériault a représenté le ministère public, alors que MLeonard Waxman a défendu l’accusé.