Des coups de feu chaque jour, le meurtre d’un jeune homme : après un début d’année relativement calme, Montréal connaît depuis peu une série noire. La métropole a enregistré un évènement de décharge d’arme à feu chaque jour depuis une semaine. Cette récente recrudescence ravive les craintes des résidants et des policiers quant à la violence par arme à feu dans les mois à venir.

Au total, 7 évènements impliquant des coups de feu sont survenus durant 7 jours consécutifs à Montréal au cours de la dernière semaine, 11 en 11 jours, depuis le 19 mars.

Ces évènements n’ont pas tous le même mobile et ne sont pas tous reliés, mais cette récente tendance à la hausse, à moins qu’elle se calme, semble confirmer les craintes de plusieurs sources policières de La Presse qui appréhendaient une augmentation des évènements de coups de feu avec l’arrivée du printemps.

Selon des chiffres compilés par La Presse pour le mois de mars – qui ne contiennent que les évènements médiatisés –, 16 évènements de décharges d’arme à feu sont survenus dans la métropole québécoise depuis le début du mois (au 29 mars), les deux tiers depuis le 19 mars inclusivement.

Une fois décortiqués, on note parmi ces 16 évènements : un meurtre, six tentatives de meurtre (ou agressions armées) et neuf décharges d’armes à feu sans victimes, dont certaines ont été dirigées vers des bâtiments ou des véhicules.

Selon des chiffres compilés par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour les mois de janvier et de février, et par La Presse pour le mois de mars, le nombre d’évènements de coups de feu survenus à Montréal durant le premier trimestre de 2023 s’apparente toutefois à celui des dernières années.

D’après nos compilations, 36 évènements de décharges d’armes à feu (meurtre, tentatives de meurtre et coups de feu sans victimes confondus) sont survenus au cours des trois premiers mois de 2023 (au 29 mars), contre 41 durant tout le premier trimestre de 2022, 30 durant la même période en 2021 et 35 durant les trois premiers mois de 2020.

Coups de feu tirés dans Saint-Léonard

Des tirs ont d’ailleurs retenti une fois encore à Saint-Léonard mercredi soir, blessant un jeune de 18 ans.

Le ou les suspects ont tiré en direction du jeune homme à partir d’un véhicule en mouvement vers 23 h 10. La victime marchait rue Bonpart, près de l’intersection de la rue Valdombre, quand elle a été ciblée. Il s’agit d’un homme sans dossier criminel. Il était accompagné d’un autre homme, qui n’est pas connu des policiers, selon les premières informations.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Un jeune homme de 18 ans a été abattu il y a deux semaines à Anjou.

Le ou les tireurs ont brièvement parlé avec la victime avant de faire feu.

Le blessé a été localisé dans le stationnement d’un centre commercial de la rue Bélanger où il s’était réfugié après l’attaque. Il était conscient lors de son transport à l’hôpital. On ne craint pas pour sa vie.

Deux périmètres de sécurité ont été établis : le premier sur le lieu de la fusillade, où des impacts de projectiles ont pu être observés, et le second à l’endroit où le jeune homme a été trouvé blessé. L’escouade canine a été demandée sur place.

Il n’y a aucune arrestation pour le moment dans ce dossier.

Inquiétude dans le voisinage

Eliana Di Gennaro habite depuis 30 ans le secteur résidentiel où est survenue la fusillade. Les « cinq ou six » détonations entendues mercredi ont ravivé ses inquiétudes.

Je me suis couchée à terre. C’est niaiseux, je sais, mais on ne sait jamais d’où ça vient et où ça part.

Eliana Di Gennaro

Sa voisine d’en face a appelé la police. Elle a requis l’anonymat pour éviter le risque de représailles. « On est inquiets. J’ai des enfants et j’ai fermé les nouvelles. Je ne veux pas qu’ils sachent ce qui s’est passé », a-t-elle confié.

Elle espère que le reste du voisinage suivra son exemple et collaborera avec les autorités, si un autre évènement violent survient. « Tout le monde me prévenait que ça se passait pas loin, mais personne n’appelait la police. Les gens sont blasés quand ça arrive, maintenant », se désole la mère de famille.

On ignore pour le moment si ce nouvel épisode de violence armée est lié aux nombreux conflits entre gangs de rue dans les secteurs de Saint-Léonard et d’Anjou. Khaled Mouloudj, un jeune homme de 18 ans, a été abattu il y a deux semaines à Anjou.