(Fredericton) L’épouse de l’un des policiers du Nouveau-Brunswick assassiné en 2014 se dit en colère et découragée de la décision de la cour d’appel, qui a réduit la période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle du tueur condamné Justin Bourque.

Le mari de Nadine Larche, Douglas Larche, a été tué dans l’exercice de ses fonctions à Moncton, le 4 juin 2014, avec deux de ses collègues.

Jeudi, la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick a déclaré qu’à la lumière d’une décision de la Cour suprême, il était « de son devoir » de réduire la période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle, qui est passée d’une période record de 75 ans à 25 ans.

L’an dernier, la Cour suprême a invalidé une loi de 2011 qui permettait aux juges de prolonger les périodes d’inadmissibilité à la libération conditionnelle au-delà de 25 ans pour les personnes reconnues coupables de meurtres multiples.

Avec la réduction de sa peine, Bourque – qui avait 24 ans au moment des meurtres – devrait pouvoir demander une libération conditionnelle à 49 ans au lieu de 99.

« Mes filles avaient neuf, huit et quatre ans lorsque leur père a été assassiné », a témoigné Mme Larche dans un échange de textos avec La Presse Canadienne.

« L’idée que nous – qu’elles – aient à soumettre leur propre déclaration de victime et assister aux audiences de libération conditionnelle est tout simplement déchirante. »

Même si elle s’attendait à cette décision, cela n’a pas aidé à gérer la douleur et le traumatisme qui ont refait surface.

« Cela me brise le cœur que nous devrons revoir tout ça encore une fois en 2039 et que mes trois enfants devront également passer par des audiences de libération conditionnelle. »

Bourque a utilisé un fusil semi-automatique pour tuer les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) Dave Ross, âgé de 32 ans ; Fabrice Gevaudan, âgé de 45 ans ; et Douglas Larche, âgé de 40 ans.

Crainte pour sa sécurité

Dans une déclaration de victime datant du 13 février, Angela Gevaudan, la veuve de l’agent Gevaudan, a affirmé qu’elle se sentait « blessée et abandonnée en tant que victime dans notre système de justice criminelle ».

Elle a dit que sa fille « regarde par-dessus son épaule » depuis qu’elle a été informée de la décision de la Cour suprême.

« Même si elle n’a pas été capable de le mettre en mots, je sais dans mon cœur de mère qu’elle craint pour sa propre sécurité », a-t-elle relaté.

« De tous mes symptômes, mes difficultés, ce qui est le plus difficile, c’est de voir comment cela l’affecte. Cela me brise le cœur. »

La décision de la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick, jeudi, a reconnu que le meurtre de policiers aux mains d’un homme armé meurtrier est une tragédie insensée entraînant le décès prématuré de personnes qui mettent leur vie en jeu pour servir et protéger leur communauté.

« M. Bourque a commis des crimes horribles qui ont endommagé notre tissu social », est-il écrit dans la décision.

« Motivé par sa haine envers l’autorité, il a enlevé la vie à trois victimes innocentes et il a causé des séquelles physiques à deux autres personnes. En plus de laisser des familles dévastées, il a suscité un état de douleur et d’angoisse au sein de la collectivité locale et des services de police. »

Justin Trudeau interpellé

Mme Larche est d’accord avec ce constat. Bourque a non seulement déchiré sa maison et son cœur, a-t-elle dit, mais a affecté toute une communauté.

Mme Larche a affirmé que la seule chose qui la rassurait, elle, sa famille et la communauté, était qu’il serait admissible à la libération conditionnelle dans 75 ans.

« Cet apaisement est disparu maintenant avec cette décision », a-t-elle déploré.

Dans une lettre ouverte, Nadine Larche a exhorté le premier ministre Justin Trudeau à revoir les périodes d’inadmissibilité à la libération conditionnelle et les peines pour les personnes qui ont commis plusieurs meurtres comme Bourque.

« Comment un crime aussi violent et délibérément commis peut-il être puni ainsi ?, a-t-elle demandé. Cela ne semble ni juste ni équitable. Cela ne fait pas grand-chose pour dénoncer et dissuader. Ce n’est pas suffisant pour reconnaître le mal qu’il a fait. »