Après 12 jours de délibération, le jury au procès de Gary Arnold, accusé d’avoir enlevé Sandra et James Helm aux États-Unis pour obtenir une rançon, vient de le déclarer coupable de complot, de l’enlèvement des deux septuagénaires et d’extorsion.

Sandra et James Helm ont été enlevés par plusieurs individus dans leur résidence de Moira, dans l’État de New York, en fin de soirée le 27 septembre 2020 et libérés par les membres du Groupe tactique d’intervention (GTI) de la Sûreté du Québec deux jours plus tard dans un chalet de Magog, en Estrie. Les autorités étaient arrivées juste avant leur départ de la région, les ravisseurs ayant prévu de les déplacer. Le couple était resté dans le sous-sol du chalet toute la nuit.

L’histoire avait fait grand bruit au Québec et aux États-Unis. Le but des suspects était d’obtenir une rançon après que le petit-fils du couple de septuagénaires américains eut être arrêté, et la cocaïne qu’il transportait saisie au Vermont quelques jours plus tôt, dans le cadre d’une enquête de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis.

Selon la théorie de la poursuite, Gary Arnold, fermier de profession, aurait été l’un des responsables de l’enlèvement, mais ce dernier a témoigné à son procès, expliquant qu’il avait été impliqué dans cette affaire sous la contrainte et qu’il n’avait pris part ni à l’enlèvement ni à la séquestration des Helm.

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Gary Arnold

C’est que durant son procès, Arnold a nié toute connaissance du complot. Il a plutôt témoigné devant le jury avoir été menacé par un homme, connu sous le nom de « Big », pour accomplir diverses tâches en septembre 2020. L’homme affirmait ainsi n’avoir jamais rencontré les victimes de l’enlèvement. D’ailleurs, dans ses plaidoiries finales, son avocat, John T. Pepper, a insisté sur le fait qu’Arnold craignait pour la sécurité de sa famille et se conformait aux ordres sous la menace. Il a soumis aux jurés que la Couronne n’avait pas prouvé que son client était au courant de l’enlèvement.

Il avait également raconté qu’on lui avait demandé de trouver un cathéter pour un problème de santé dont souffre Mme Helm et que c’est la raison pour laquelle il s’était rendu à l’hôpital du Suroît en pleine nuit. Les membres du jury n’ont pas cru son témoignage.

« Vite, dépêchez-vous »

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Sandra Helm, au centre, au palais de justice de Montréal, en janvier dernier

Âgée de 73 ans, Sandra Helm, quant à elle, avait raconté durant une audience que les ravisseurs lui avaient dit au moment des faits que son petit-fils « avait fait quelque chose de mal ». « Vite, dépêchez-vous. Si vous prenez trop de temps, vous allez le regretter », lui aurait-on dit, en soutenant au passage que « la mafia est dehors, elle vous attend ». « Je n’avais aucune idée où on allait. Je ne pouvais rien voir », avait-elle relaté, en assurant qu’on lui avait confié que son petit-fils « aurait volé de la drogue d’une valeur de 3,5 millions ».

Je ne pensais pas qu’on allait revenir chez nous. Je ne pouvais pas croire qu’ils allaient juste nous laisser partir. On avait vu leur visage.

Extrait du témoignage de Sandra Helm

Le procès était présidé par le juge Michel Pennou, de la Cour supérieure. Soulignant le fait que les jurés devaient être fatigués après 12 jours, il les a remerciés pour les services rendus à la société.

Gary Arnold était détenu depuis son arrestation, en octobre 2020. Il était représenté par MJohn T. Pepper et la poursuite était assurée par Me Édith Lafontaine, MKim Chaïken et MJustine Blair, du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales du Directeur des poursuites criminelles et pénales.

Au total, Gary Arnold faisait face à sept chefs d’accusation. Parmi eux, des chefs d’enlèvement, de séquestration, d’extorsion et de complot avaient été déposés. Les plaidoiries sur la peine ont été reportées au 6 mars prochain.

Les quatre coaccusés de Gary Arnold ont plaidé coupable à des chefs similaires et ont écopé de peines de 15, 13, 6 et 4 ans d’emprisonnement.

Avec Mayssa Ferah, La Presse

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