Une coalition d’organismes de défense des droits appelle le gouvernement Legault à interdire les interpellations policières, une pratique « arbitraire » et « sans fondements juridiques » dirigée le plus souvent vers les communautés racisées et démunies.

La Ligue des droits et libertés (LDL), à l’origine de cette initiative, dit vouloir interpeller le cabinet du nouveau ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, alors que Québec devrait déposer dans les prochains mois une nouvelle version de sa réforme des pratiques policières.

À noter, les organismes font une distinction importante entre les interceptions routières aléatoires, au centre d’un récent jugement de la Cour supérieure que conteste le gouvernement du Québec, et les interpellations policières, aussi appelées street checks.

On désigne ainsi l’interpellation par des policiers, sans motif valable, de personnes qui se trouvent dans la rue, par exemple en leur demandant leurs cartes d’identité, l’endroit d’où ils viennent, où ils vont, etc.

Or, cette pratique des corps policiers viole les droits des personnes interpellées en plus de viser de façon disproportionnée les membres de minorités visibles, les personnes itinérantes, les travailleuses du sexe et d’autres groupes marginalisés, a soutenu une porte-parole de la LDL, Lynda Khelil.

« Depuis 2020, le ministère de la Sécurité publique et le Service de police de la Ville de Montréal se targuent d’avoir adopté des politiques pour baliser les interpellations policières, mais ce n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux. Mettre des balises aux interpellations ne mettra pas fin au profilage », a-t-elle ensuite affirmé.

Québec ferme la porte

De son côté, le cabinet du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, confirme que ce dernier a toujours l’intention de déposer une nouvelle mouture du projet de loi 18 au printemps afin de réformer les pratiques policières.

L’interdiction des interpellations n’en ferait toutefois pas partie. « On veut laisser aux policiers les outils dont ils ont besoin pour faire leur travail. Par contre, notre but est de mettre des mesures en place pour contrer de possibles situations de profilage racial », précise l’attachée de presse de François Bonnardel, Roxanne Bourque.

Rappelons que M. Bonnardel et son collègue responsable de la Lutte contre le racisme, Christopher Skeete, ont rencontré différents groupes concernés par cette question à Montréal les 17 et 19 janvier.

À noter aussi que la conférence de presse de la Ligue des droits et libertés, mercredi, se tenait au même moment où, à quelques rues de là, au palais de justice de Montréal, la mairesse Valérie Plante témoignait devant la Cour supérieure dans le cadre de l’action collective de 170 millions qui oppose la Ligue des Noirs du Québec et la Ville de Montréal.

La Ligue des Noirs poursuit la Ville afin d’obtenir une indemnisation pour des milliers de personnes racisées qui auraient été interpellées « sans motif » par le Service de police de la Ville de Montréal entre 2017 et 2019. L’organisme demande des dommages de 5000 $ pour chacune de ces personnes.