La Ville de Montréal travaille depuis des décennies pour lutter contre le profilage racial dans la police, mais le travail n’est pas terminé, a reconnu mercredi Valérie Plante : « Si j’avais une baguette magique pour régler ça, je le ferais. »

La mairesse a témoigné mercredi devant la Cour supérieure dans l’action collective de 170 millions qui oppose la Ligue des Noirs du Québec et la Ville de Montréal au sujet du profilage racial par la police. La mairesse a été convoquée par les avocats de la Ligue des Noirs, mais n’a pas contesté la poursuite.

Après avoir prêté serment devant la juge Dominique Poulin, Mme Plante a affirmé qu’elle n’avait aucun problème à reconnaître l’existence du racisme systémique et du profilage racial au sein de la police.

« La Ville est à l’image de la société. On va se le dire : c’est triste de penser qu’encore aujourd’hui, il y a encore du racisme et de la discrimination », a-t-elle affirmé en réponse aux questions de l’avocat Mike Diomande, qui représente la Ligue des Noirs. « On continue d’innover et on continue de chercher. […] Mais force est d’admettre qu’il faut toujours aller plus loin. »

Mme Plante a invité les victimes de profilage racial à faire valoir leurs droits, mais a suggéré que l’action collective de la Ligue des Noirs n’était pas le bon véhicule. « Il doit y avoir un processus qui vient montrer si la personne a été lésée, a-t-elle dit. Je suis la gardienne, comme mairesse, de l’argent des contribuables. […] On ne peut pas non plus jeter l’argent par les fenêtres. »

MDiomande a interrogé la mairesse sur l’impact concret des déclarations et des politiques antiracistes sur le fonctionnement de l’appareil municipal et policier. La mairesse a refusé de répondre à quelques-unes de ces questions, indiquant que son travail était d’énoncer la vision de son administration, pas de l’« opérationnaliser ».

Ne pas mettre « tout le monde dans le même sac »

En conférence de presse, en après-midi, Valérie Plante a réitéré que les victimes de profilage racial devraient plutôt s’engager dans une démarche individuelle. C’est « un processus légal pour protéger la victime, mais également protéger le policier, pour éviter qu’on mette tout le monde dans le même sac ».

En point de presse, MDiomande s’est dit satisfait par les réponses de Valérie Plante.

« Je trouve qu’il est très imprudent de la part de la mairesse de Montréal d’organiser une mêlée de presse pour se prononcer sur un dossier qui est actuellement devant la Cour », a réagi le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, Aref Salem, sur les réseaux sociaux.

Le procès s’est ouvert la semaine dernière. Le nouveau chef de police Fady Dagher a déjà témoigné.

La Ligue des Noirs du Québec poursuit la Ville de Montréal pour obtenir une indemnisation pour des milliers de personnes racisées interpellées « sans motif » par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) entre 2017 et 2019. L’organisme demande des dommages de 5000 $ pour chacun de ces individus.