(Saint-Jean-Sur-Richelieu) Le conjoint de la femme morte après avoir été retrouvée gravement blessée dans une résidence de Saint-Jean-sur-Richelieu, samedi, a été accusé de meurtre au deuxième degré. Il s’agit du 14féminicide ou féminicide présumé à survenir au Québec depuis le début de l’année.

La Sûreté du Québec a confirmé en matinée que l’homme dont l’identité n’a pas tout de suite été révélée était bel et bien le conjoint de Donna Callahan, 69 ans.

Terry Oligny, 64 ans, n’avait aucun antécédent judiciaire. Il a comparu en après-midi, dimanche, par visioconférence au palais de justice de Montréal, vêtu d’un simple t-shirt blanc et sans menottes. Il doit revenir en cour lundi, cette fois au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu.

La victime était bien connue dans le petit milieu anglophone de Saint-Jean-sur-Richelieu après avoir travaillé pendant plus de 20 ans à la St. Johns Elementary & High Schools, où elle occupait le poste de responsable du service de garde.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE DONNA CALLAHAN

Donna Callahan

Retraitée depuis peu, elle y aidait toujours pour servir les dîners aux enfants en raison de la pénurie de main-d’œuvre.

« Elle était toujours douce »

Dans un courriel envoyé aux parents dimanche, l’établissement a confirmé la nouvelle « dévastatrice » de la mort de Donna Callahan dans de « tragiques circonstances ». « Sa mort va laisser de nombreuses questions, particulièrement pour les enfants », y indique la directrice de l’école, Colleen Lauzier.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

L’école St. Johns

« Je sais que vous allez tous me joindre afin d’envoyer nos pensées et nos prières aux enfants de Donna pendant ces temps difficiles », poursuit-elle.

Des employés de la commission scolaire Riverside seront sur place lundi afin d’aider les membres du personnel de l’école à faire face à ce drame, indique également la directrice. Un programme d’assistance a de plus été mis sur place afin de les aider.

Des parents d’élèves qui fréquentaient l’école St. Johns, où Donna Callahan était connue sous le nom de Mrs. Donna, ont confié à La Presse être sous le choc à la suite de ce drame. « C’est unanime parmi les gens : elle était toujours douce, joyeuse, attentionnée », a témoigné l’une d’elles, Amy Loignon.

« C’était une petite dame énergique, souriante, agréable. Qu’on lui ait voulu autant de mal est un non-sens », a indiqué pour sa part Marie-Ève Sturrock, dont les enfants fréquentaient le service de garde.

Un « caractère un peu spécial »

Quant à Terry Oligny, il occupait le rôle de président du syndicat de la rue en terre battue où résidait le couple, en périphérie de Saint-Jean-sur-Richelieu.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE TERRY OLIGNY

Terry Oligny

« Il [Terry Oligny] avait un caractère un peu spécial, mais en général, on ne les voyait pas. Il était tout le temps dans sa maison, il passait du sel à la main et nous disait bonjour, mais c’est pas mal tout », a indiqué un voisin, Sylvain Prunau, rencontré sur place.

Selon ce dernier, les policiers se seraient déjà rendus dans la maison du couple il y a environ deux ans, une information que n’a pu confirmer La Presse dans l’immédiat.

« Elle, elle prenait sa marche une fois par jour avec son chien, puis c’était le seul temps où on la voyait, sinon on la voyait pas. Lui, il faisait tout le temps ses commissions seul, jamais, jamais avec elle », a également indiqué Sylvain Prunau.

Dimanche, plusieurs agents et véhicules de la Sûreté du Québec étaient sur place pour tenter d’établir les circonstances ayant mené à ce drame.

Alertés par un proche

Rappelons qu’en après-midi, samedi, la police s’est rendue dans une résidence de la rue Dicaire, à Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montégérie, à la suite d’un appel d’un citoyen qui s’inquiétait de l’absence d’une proche.

Donna Callahan a alors été retrouvée gravement blessée à l’intérieur. Elle a succombé à ses blessures à l’hôpital. Une autopsie sera pratiquée pour déterminer les causes de la mort.

Sur place, la police avait procédé à l’arrestation d’un individu, sans préciser dans l’immédiat son lien avec la victime.

Bien que Saint-Jean-sur-Richelieu possède son propre corps de police, l’enquête a été confiée à la Sûreté du Québec.

Le meurtre de Donna Callahan constitue le 14féminicide ou féminicide présumé à survenir au Québec depuis le début de l’année.

À l’aube des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes, l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) a encouragé mercredi dernier les victimes de violence conjugale à dénoncer tout en assurant que les corps policiers du Québec ont des outils pour intervenir.

Lisez l’article « “Nous sommes là pour vous”, disent les directeurs de police du Québec »