(Montréal) À deux semaines des 12 jours d’action contre la violence faite aux femmes, l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ) encourage les victimes de violence conjugale à dénoncer et assure que les corps policiers du Québec ont des outils pour intervenir.

Mercredi avant-midi, l’ADPQ a convoqué les médias à la Place Bell de Laval pour mettre en lumière le soutien que peuvent apporter les policiers aux victimes de violence conjugale. « Nous sommes là pour vous », a déclaré Pierre Brochet, directeur du Service de Police de Laval.

L’ADPQ a également affirmé que, depuis la dernière année, l’ensemble des corps policiers du Québec se dote d’unités spécialisées en violence conjugale. « Adressez-vous à votre corps de police local. On est très sensible. On a vraiment des gens pour vous supporter et faire le suivi », a insisté Pierre Brochet.

« On vient changer notre champ d’intervention où on était peut-être très centré sur l’arrestation de l’agresseur. Là, on se concentre sur la victime. On s’assure d’être avec elle jusqu’au bout de l’intervention », a ajouté Marc Brisson, directeur du Service de police de Terrebonne.

Victime de violence conjugale, Cassandre, qui a préféré garder son identité confidentielle, s’est prononcée pour la première fois publiquement. « Si vous saviez combien de fois j’ai pensé porter plainte sans jamais le faire, de peur que ce soit pire après », a confié la mère de famille, qui a enduré pendant 12 ans de la violence physique et psychologique, du harcèlement et des menaces.

C’est auprès des agentes de liaison en violence conjugale du Service de police de Terrebonne, Martine Milton et Joëlle Laparé, que Cassandre a fait sa dénonciation, un processus qu’elle décrit comme « difficile, parce que ça te ramène à ce que tu as vécu ».

Elle s’est présentée au poste de police après avoir craint pour sa vie et celle de son fils en février dernier. « Si je ne dénonce pas là, qu’est-ce qui va arriver après », s’était-elle dit avant d’entreprendre les démarches légales.

Les agentes Milton et Laparé assurent les responsabilités de « premières ressources policières en matière de violence conjugale » à Terrebonne depuis mai 2021. Le duo travaille de pair avec les maisons d’hébergement et les centres d’aide aux victimes d’actes criminels.

« On travaille beaucoup avec nos maisons d’hébergement. Quand on voit qu’une femme a une surcharge émotive, on fait un appel-conférence directe », a expliqué Joëlle Laparé, en entrevue.

Les deux policières, qui demeurent disponibles auprès des victimes dès la dénonciation entamée, offrent « un filet de sécurité pour s’assurer qu’un drame ne se produise pas », a ajouté l’agente Laparé. « Ça permet d’avoir un suivi continu, mais surtout personnalisé. On retourne nos appels dans les 24-48 heures. »

Cassandre s’est rappelé avoir mis des heures et des heures d’écriture pour remplir sa plainte et rassembler les preuves nécessaires avec les policières. « Ça a pris tout mon change. Ce n’est pas facile », a-t-elle souligné.

« [Martine Milton et Joëlle Laparé] ont créé un gros filet de sécurité autour de moi. Je me sentais vraiment supportée », a mentionné la dame. « Je ne serais pas rendue où je suis présentement. Je vivrais encore beaucoup dans la peur », a-t-elle continué.

13 féminicides présumés

Depuis le début de l’année, le Québec a enregistré 13 féminicides présumés, « c’est plus qu’une [femme] par mois », a précisé Pierre Brochet.

Selon l’ADPQ, environ 25 000 interventions policières sont effectuées pour des cas de violence conjugale chaque année dans la province. Seulement à Laval, pas moins de 1900 appels sont logés au Service de police pour signaler de la violence conjugale, a mentionné Pierre Brochet.

« Il faut savoir qu’il y a des ressources qui sont là. N’ayez pas peur de parler et dénoncer. Allez voir votre service de police », a indiqué Marc Brisson.

L’ADPQ a également noté le déploiement de travailleurs sociaux dans des voitures de patrouille et les bracelets antirapprochements instaurés par Québec comme mesures établies récemment dans les institutions policières. « Je pense qu’on est dans la bonne direction […]. Il faut continuer à sensibiliser et faire amener les victimes à se sentir confiantes de porter plainte », a mentionné Pierre Brochet.

Mercredi, l’ADPQ a aussi dévoilé une première capsule vidéo, parmi une dizaine qui sera publiée sur les réseaux sociaux, qui vise notamment à sensibiliser la population et faire connaître les unités policières spécialisées en violence conjugale.