Pour combattre la violence armée à Montréal, les policiers ont absolument besoin des informations du public. C’est pourquoi ils ont tenu une opération de « visibilité », mardi, dans le quartier Montréal-Nord.

En plus de nombreux agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), des représentants d’Info-Crime et du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) étaient sur place, dans un parc de la rue Pascal.

« Le plus important, c’est que la population soit derrière nous et nous communique de l’information », souligne l’inspectrice-chef Marie-Claude Dandenault.

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Marie-Claude Dandenault, inspectrice-chef

Il n’y a pas de petite information, il ne faut pas hésiter à communiquer avec la police. On peut penser qu’une information est banale, mais la moindre information qu’on reçoit est vérifiée et analysée.

Marie-Claude Dandenault, inspectrice-chef

Mme Dandenault reconnaît que certaines personnes peuvent être réticentes à parler aux policiers. C’est alors qu’Info-Crime peut être utile.

« Info-Crime est confidentiel et anonyme, ce qui peut être rassurant pour les citoyens qui ne veulent pas se retrouver dans un rapport de police ni se retrouver comme témoins à la cour », affirme Jean Touchette, PDG d’Info-Crime.

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Jean Touchette, PDG d’Info-Crime, Marie-Claude Dandenault, inspectrice-chef, François Labonté, commandant, et Karine Mac Donald, coordonnatrice au CAVAC

Au cours des deux dernières années, marquées par une hausse des évènements impliquant des armes à feu, Info-Crime a aussi connu une augmentation importante de ses signalements, indique M. Touchette, surtout par l’entremise de son site web, où les gens peuvent fournir des informations sur un crime en remplissant un simple formulaire, toujours de façon anonyme.

Consultez le site d’Info-Crime

Calmer l’inquiétude

Un tel déploiement policier dans le quartier, touché par de nombreuses fusillades, qui surviennent parfois en plein jour, est aussi une façon de rassurer la population, note le commandant François Labonté, chef du poste de police 42, situé dans le quartier voisin de Saint-Léonard.

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Le déploiement policier à Montréal-Nord est aussi une façon de rassurer la population.

En effet, des épisodes de coups de feu peuvent provoquer de l’inquiétude dans le voisinage. Surtout chez les témoins et chez les proches des victimes. C’est ici que le CAVAC entre en jeu.

« Toutes ces personnes peuvent vivre des conséquences », souligne Karine Mac Donald, coordonnatrice au CAVAC.

Une personne qui a été témoin d’une fusillade, qui a vu quelqu’un blessé, peut faire des cauchemars, devenir hypervigilante, ne plus sortir de chez elle.

Karine Mac Donald, coordonnatrice au CAVAC

Le CAVAC peut les aider à faire face à l’anxiété. Les intervenants peuvent aussi préparer et accompagner ceux qui doivent témoigner devant le tribunal. « Ça peut être très anxiogène, dans un contexte où l’on sait que c’est peut-être des membres de gangs de rue », dit Mme Mac Donald.

Dans leur travail auprès des victimes, les représentants du CAVAC ne se mêlent jamais de l’enquête policière. Ils ne transmettront jamais à la police une information reçue d’une victime.

En revanche, ils peuvent aider une victime qui s’interroge sur ce qu’elle doit dire à la police.

« Chaque fois qu’il y a des coups de feu, ça touche les citoyens, ça crée de l’insécurité », déplore Ismael Sougou, conseiller en développement communautaire au poste de quartier 39, à Montréal-Nord. « La quiétude n’est plus là. »

Selon lui, le travail du milieu communautaire est essentiel pour permettre l’accompagnement des personnes en détresse.