Quatre-vingt-quinze évènements avec coups de feu sont survenus à Montréal au cours des six premiers mois de cette année, contre 82 pour la même période en 2021, une hausse d’environ 15 %.

C’est ce qu’indiquent des statistiques préliminaires fournies à La Presse par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Quatre-vingt-quinze évènements de coups de feu en six mois, cela représente un rythme d’un évènement tous les deux jours.

Le nombre d’évènements de coups de feu a été élevé en janvier (20) avant de fléchir en février et mars puis d’augmenter de nouveau durant les mois suivants.

Ces chiffres sont à l’image d’une tendance observée par le SPVM et par d’autres organisations policières ou en autorité, notamment l’Équipe nationale de soutien à l’application de la Loi sur les armes à feu (ENSALA) chapeautée par la GRC, dont un enquêteur compile les statistiques depuis la fin de 2019.

Au cours des six premiers mois de 2020, 55 évènements de coups de feu avaient été enregistrés à Montréal, et 29 en 2019. C’est dire que la courbe est en hausse constante depuis deux ans et demi.

Depuis le début de 2022, on compte sept meurtres par arme à feu à Montréal, contre quatre durant les six premiers mois de l’an dernier et trois pour 2020.

Au moins trois des meurtres par balle commis depuis le début de 2022 sont liés au crime organisé : ceux de Domenico Macri, en février, de Stéphane Dupuis, en avril, et de Sébastien Giroux, en mai.

On enregistre également un peu plus de tentatives de meurtre et de coups de feu tirés qu’à pareille date l’an dernier.

Situation « relativement stable », dit le SPVM

« Il n’y a pas vraiment d’explication, mais si l’on prend chacune des catégories, meurtres, tentatives de meurtre et décharges d’arme à feu, on est à quelques évènements près, donc la courbe est relativement stable », affirme Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

Ce dernier croit toutefois que la hausse de cette année est en partie attribuable à une augmentation du nombre de règlements de comptes au sein du crime organisé montréalais.

Prenons les meurtres de Stéphane Dupuis et de Sébastien Giroux. Le crime organisé a fait disparaître des personnes qui pouvaient être dérangeantes. Cela faisait quelque temps qu’on n’avait pas vu autant de règlements de comptes.

Francis Renaud, commandant de la Division du crime organisé du SPVM

Le commandant n’est pas en mesure de dire s’il y a eu davantage ou moins d’évènements de coups de feu impliquant les gangs de rue depuis le début de l’année.

Moins d’armes à feu saisies

Autre statistique : 192 armes à feu ont été saisies par les policiers du SPVM au cours des six premiers mois de l’année, contre 299 pour la même période en 2021, une diminution de plus de 100 armes (- 35 %).

Au cours des deux années précédentes, les policiers du SPVM avaient également saisi beaucoup d’armes à feu durant les six premiers mois de l’année : 324 en 2020 et 280 en 2019.

Comment le commandant Renaud explique-t-il cette baisse significative des saisies depuis le début de cette année ?

« J’ose espérer que nos efforts portent leurs fruits, c’est la seule explication que je peux avancer. Est-ce que c’est la fin du fameux sentiment d’impunité et d’invincibilité, que n’importe qui pouvait se promener avec une arme à feu dans les poches sans aucune conséquence, avec toute la médiatisation, la prévention et la répression qui ont été faites ? Nos équipes sont présentes sur le terrain quotidiennement et sont toujours meilleures à force de lutter contre les violences armées », répond M. Renaud.

Ce dernier décrit « un retour en force » de la Division du crime organisé du SPVM en matière de cohérence et d’enquête contre les violences armées et le crime organisé.

Il souligne les efforts effectués par les sections Antigang et des Produits de la criminalité, les Équipes multisectorielles dédiées aux armes à feu (EMAF), les sections des stupéfiants et l’escouade Éclipse, spécialisée dans la collecte de renseignements et la surveillance des établissements licenciés.

« Je crois vraiment que les efforts que nos équipes réalisent jour après jour font en sorte qu’on a moins d’armes à feu dans les rues. Il y en a encore, mais tant qu’il va y en avoir, on va être là », conclut l’officier du SPVM.

Avec la collaboration de Mayssa Ferah, La Presse

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

En savoir plus
  • 10
    Dix évènements de coups de feu sont survenus à Laval depuis le début de l’année, deux fois plus que pour la même période l’an dernier.
    Source : Service de police de Laval
  • 2
    Deux évènements de coups de feu se sont produits sur le territoire du Service de police de l’agglomération de Longueuil au cours des six premiers mois de 2022, contre trois pour la même période l’an dernier.
    Source : Service de police de l’agglomération de Longueuil