L’entraîneur de patinage artistique Richard Gauthier a agressé sexuellement un jeune athlète alors qu’ils se lavaient mutuellement, puis en dormant avec lui, a plaidé la Couronne vendredi. Au contraire, même s’il était nu avec l’adolescent, l’accusé n’a posé aucun geste de nature sexuelle, a soutenu la défense.

« Il est clair : il n’y a pas eu de masturbation, pas de lavage de corps, pas de massage, pas de dormir en cuillère, et pas de masturbation, lui, dans le lit. Les allégations sont niées », a affirmé l’avocat de la défense, MGiuseppe Battista, lors des plaidoiries vendredi au palais de justice de Montréal.

Intronisé au Temple de la renommée du patinage artistique canadien en 2017, Richard Gauthier est jugé depuis mardi pour des crimes commis à l’égard d’un garçon qu’il entraînait au début des années 1980. Il est accusé de grossière indécence, d’agression sexuelle et d’attentat à la pudeur. L’enfant avait de 11 à 14 ans à l’époque des faits reprochés.

Contrairement au récit parfois « invraisemblable » de l’accusé, le témoignage du plaignant était « émotif, sincère et fiable » quand il a relaté des « souvenirs précis », a fait valoir la procureure de la Couronne MAmélie Rivard. « [Le plaignant] n’a pas tenté d’empirer les faits », a-t-elle souligné.

Le plaignant soutient avoir été agressé sexuellement à plusieurs reprises par Richard Gauthier. Il affirme avoir pris part à un « rituel » de « bain sauna » dans l’appartement de son entraîneur, puis s’être douché nu avec ce dernier. « Il me lavait le dos, les jambes et passait par les fesses », a-t-il dit.

Selon le plaignant, Richard Gauthier s’est ensuite couché nu « en cuillère », le sexe collé contre lui. « Il me disait : “Je t’aime, t’es comme mon petit frère” », a-t-il témoigné. Il a également été traumatisé par un massage érotique, où l’entraîneur lui a effleuré les testicules, ainsi que par un épisode de masturbation dans la piscine.

Richard Gauthier nie avoir posé quelque geste de nature sexuelle que ce soit, mais convient qu’il a pris sa douche nu en même temps que l’adolescent, puis s’est couché nu avec lui dans le même lit. Il explique n’avoir enfilé aucun sous-vêtement afin d’éviter de mettre « mal à l’aise » le garçon. De plus, il ajoute avoir aperçu deux érections chez l’adolescent avant de se coucher.

Aux yeux de la Couronne, « l’escalade » est évidente : « C’est impossible que ce soit dénué d’intérêt sexuel : la nudité, la proximité, les érections. Des drapeaux rouges, il y en avait plusieurs. […] On a un enfant qui a eu deux érections, et malgré tout, il se couche nu avec son jeune athlète de 14 ans et il ne veut pas en faire de cas. C’est invraisemblable », a plaidé MRivard.

D’ailleurs, dans une discussion enregistrée avec le plaignant, il est « très clair » que l’accusé a acquiescé à un lavage mutuel avec l’adolescent, a souligné la procureure.

Selon la défense, Richard Gauthier n’a « en aucun cas alimenté un désir sexuel chez le plaignant, bien au contraire ». « Est-ce qu’il aurait pu agir autrement ? Certainement. Mais il n’a jamais eu d’intention malicieuse ou de profiter de qui que ce soit », a fait valoir MBattista.

Le témoignage de Richard Gauthier est « crédible et fiable » et « sa version n’a pas été ébranlée, encore moins déconstruite », a maintenu la défense, en écorchant la « fiabilité » des souvenirs du plaignant.

Les plaidoiries se poursuivront en mai prochain devant la juge Josée Bélanger.