Le fentanyl est une drogue extrêmement dangereuse. Un trafiquant montréalais l’a réalisé à ses dépens l’an dernier, lorsque sa femme et lui se sont retrouvés à l’hôpital après avoir fait une surdose avec leur propre drogue. Arrêté avec une quantité importante de fentanyl, Philip James Wrixon a été condamné à six ans et demi de pénitencier.

« Je choisis de prendre mes responsabilités en plaidant coupable. J’ai de profonds regrets. Non seulement j’ai failli me tuer, mais en introduisant cette drogue dans ma communauté, j’ai failli tuer ma femme et un ami proche. Je dois vivre avec ça pour le reste de mes jours », s’est repenti le Montréalais de 36 ans lors du prononcé de la peine, le 5 novembre dernier. Il avait plaidé coupable l’été dernier à des accusations de possession de drogue en vue d’en faire le trafic.

Les 85 g de fentanyl saisis chez le trafiquant et dans un entrepôt représentaient l’an dernier la deuxième saisie en importance sur le territoire montréalais depuis 2017. Les enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal avaient été alertés par trois cas de surdose de fentanyl (ceux de Wrixon et de ses proches) survenus dans un immeuble de l’arrondissement de Lachine.

Cet opiacé 40 fois plus fort que l’héroïne fait des ravages au pays, surtout dans l’Ouest canadien. Entre janvier et mars 2021, 20 personnes sont mortes chaque jour d’une intoxication aux opioïdes. Du nombre, 87 % de ces décès impliquaient du fentanyl, selon le gouvernement canadien.

Une infime quantité de fentanyl, à peine 2 mg (0,002 g), voire moins, suffit à provoquer la mort. Les trafiquants utilisent souvent du fentanyl pour « couper » d’autres drogues, dont l’héroïne et la cocaïne, à l’insu des utilisateurs. Un kilogramme de fentanyl a ainsi le potentiel de tuer 500 000 personnes, illustre l’agence fédérale américaine chargée de la lutte contre la drogue.

L’accusé envisage un « nouveau départ »

Philip James Wrixon ne détenait pas juste du fentanyl. Le trafiquant indépendant conservait notamment 4,2 L de GHB, 1714 comprimés de méthamphétamine (speed) et 1686 comprimés de Xanax, une drogue très populaire chez les jeunes.

Derrière les barreaux depuis plus un an, le trafiquant regrette maintenant ses choix et souhaite avoir un « nouveau départ » à sa sortie de prison. « Je sens que la seule façon de me racheter, c’est d’aller au pénitencier et de suivre des programmes pour abus de drogue », a-t-il assuré au tribunal.

Pour en venir à une suggestion commune de six ans et demi, le procureur de la Couronne MJean-Philippe Mackay a expliqué avoir pris en considération les conditions difficiles de détention préventive de l’accusé dans le contexte de la COVID-19. Néanmoins, cette peine n’est ni « la plus clémente » ni « la plus sévère », estime MOlivier Cusson, de la défense. La juge Anne-Marie Lanctôt a ainsi entériné la peine.

La poursuite a par ailleurs retiré les accusations visant Amanda Wright, femme de M. Wrixon et coaccusée dans cette affaire.