L’ancien tueur à gages de la mafia qui a collaboré avec la police dans l’enquête sur les meurtres de Vincenzo et Giuseppe Falduto a partagé un ultime repas avec ces derniers avant de les tuer dans le garage de la propriété de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, à Saint-Jude, le 30 juin 2016.

C’est ce qu’un enquêteur de la Sûreté du Québec, Patrick Pinard, qui a été co-contrôleur de cet ancien tueur à gages devenu taupe pour la police, a expliqué vendredi au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés de complot et de participation aux meurtres des deux frères Falduto.

Selon la théorie de la poursuite, c’est ce tueur à gages, qui était accompagné d’un autre individu surnommé Brad Pitt, qui a tué les frères avec une arme à feu. Par la suite, Marie-Josée Viau et Guy Dion auraient brûlé les corps à ciel ouvert durant des heures, jeté les cendres dans une rivière et fait disparaître toute trace du crime.

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La propriété et le garage de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, à Saint-Jude, où les frères Falduto auraient été assassinés.

Ce n’est que deux ans et demi plus tard que le tueur à gages – dont l’identité est couverte par un interdit de publication – a communiqué avec la police et est devenu agent civil d’infiltration (ACI), pour aider les enquêteurs de la SQ à élucider le crime et d’autres meurtres commis au sein de la mafia.

Portant des dispositifs d’enregistrement audio et vidéo, il a pris part à plusieurs scénarios d’infiltration à l’été 2019, dont cinq qui concernaient Marie-Josée Viau et Guy Dion, et il a enregistré ceux-ci à leur insu.

Sa collaboration avec la police a commencé en janvier 2019 et le 30 de ce mois, il a accompagné les enquêteurs en voiture et leur a désigné la maison du couple Viau et Dion comme l’endroit où il avait tué les Falduto.

« Pour nous y rendre, nous avons pris la sortie de Saint-Hyacinthe puis le boulevard Laframboise. Il nous a montré un restaurant où il a mangé le jour du meurtre, avec les deux frères », a déclaré l’enquêteur Pinard.

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Giuseppe et Vincenzo Falduto

Peur d’être l’arroseur arrosé

Par ailleurs, le tueur à gages a craint, tout au long de sa collaboration avec les enquêteurs, d’être arrêté et accusé à la fin de l’enquête. Il soupçonnait même les policiers de l’impliquer dans des scénarios d’infiltration pour le coincer.

L’enquêteur Patrick Pinard a indiqué que tout au long de l’enquête – dont les policiers croyaient qu’elle allait durer deux mois, mais qui en a duré neuf –, l’ACI s’imaginait que les limiers allaient l’arrêter à la fin de sa collaboration même si ceux-ci lui avaient assuré que ses aveux et la preuve accumulée durant l’enquête ne seraient pas retenus contre lui, et qu’il fallait une preuve recueillie de façon indépendante pour qu’il soit arrêté et accusé des meurtres.

« Effectivement, souvent, [l’ACI] avait comme une crainte malgré la promesse faite au début. C’est arrivé à quelques reprises qu’il réfléchissait à des moyens qui auraient être pu être pris par certaines personnes pour le “trapper”. Il pensait même que Mme Viau aurait pu l’enregistrer à son insu et aller voir la police. Des fois, il pensait que nous aussi, on travaillait contre lui », a raconté l’enquêteur Pinard.

Ce dernier a aussi confirmé que le 27 août 2019, l’ACI, qui était alors en colère, a envoyé des dizaines de messages textes à ses contrôleurs les accusant de faire des scénarios d’infiltration (Mister Big) inversés, c’est-à-dire que c’est lui qui aurait été en réalité le sujet visé. « On n’a pas fait ça », a ajouté le témoin.

L’enquêteur Pinard a également déclaré que jusqu’à la fin de l’enquête, l’ACI a pensé qu’il ne serait jamais payé pour ses services. Il était également impatient et avait hâte que l’enquête se termine, pour pouvoir ensuite porter plainte contre des gens qui l’auraient agressé sexuellement.

Le procès reprend devant le jury lundi après-midi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.