(Québec) Au ralenti depuis des semaines à cause de la COVID-19, les palais de justice vont reprendre vie progressivement à partir du 1er juin. À la recherche du temps perdu, le monde judiciaire mise gros sur le virage numérique dans un milieu largement resté à l’ère du papier.

Les palais de justice avaient cessé de traiter les dossiers non-urgents avec la pandémie. Ceux-ci vont recommencer à être entendus dès la semaine prochaine, a annoncé jeudi la ministre de la Justice Sonia LeBel.

Elle reconnaît que le système de justice fait face à plusieurs « défis », celui des retards accumulés n’étant pas le moindre. Mais pour accélérer les choses, la ministre loge beaucoup d’espoir dans le virage numérique.

Les salles d’audience virtuelles mises en place durant la pandémie « vont demeurer aussi par la suite », note la ministre. « Elles vont faire partie de ce qui va nous aider à réduire les inventaires accumulés après la crise, étendre peut-être les heures où on peut procéder dans une journée. »

Le Barreau est du même avis. « Le problème avec la justice c’est qu’on faisait pas mal tout en papier. Quand les palais de justice sont fermés, c’est difficile de déposer un document papier quelque part », note le bâtonnier du Québec MPaul-Matthieu Grondin.

« Donc on veut recommencer autrement, dit-il. On veut pouvoir déposer des documents numériques. Tant mieux si ça se passe maintenant. Ça fait probablement longtemps qu’on aurait dû le faire. »

Ce virage numérique se joue autour de deux axes : la numérisation des documents et les salles virtuelles. Ces dernières pourraient alléger la justice telle qu’on la connaissait.

« Imaginez un témoin qui est Gaspésien, qui a une cause à Drummondville. Dans ce qu’on peut appeler ‘l’ancien temps’, il fallait se rendre au palais de justice », note le bâtonnier du Québec, qui ajoute que les causes civiles se prêtent mieux aux salles virtuelles.

Mais ce virage sera particulièrement épineux pour le domaine judiciaire. Invitée à chiffrer le nombre de dossiers en attente à cause de la COVID-19, la ministre Sonia LeBel n’a pas pu avancer de chiffre.

« Bien, c’est très difficile, honnêtement, de chiffrer présentement », a commencé la ministre, avant d’entamer une explication exhaustive.

« D’ailleurs, vous comprendrez, et ce n’est pas un secret pour personne, là, les dossiers ne sont pas numérisés non plus dans les palais de justice. On est dans le virage technologique. On a fait des gros progrès dans les dernières semaines. »