Les mains jointes, comme trahissant une certaine nervosité, sans dire un mot et affichant un teint hâlé, Christian Nitu a comparu par visioconférence, à partir du Centre de détention de Montréal (Bordeaux), mercredi après-midi, dans une salle du palais de justice de Montréal.

L’homme de 25 ans est arrivé mardi à Montréal, par avion, en provenance de la République dominicaine, où il se trouvait depuis 10 mois. Il se savait recherché depuis au moins septembre dernier, alors que les enquêteurs de la Division du crime organisé (DCO) du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont effectué une opération baptisée Asterios, au cours de laquelle ils ont arrêté ses présumés complices et démantelé un réseau de trafic de stupéfiants lié aux Minotaures, défunt club-école des Hells Angels.

PHOTO TIRÉE DU SITE D'INTERPOL

Christian Nitu a fait l’objet d’une notice rouge (individu recherché) sur le site internet d’Interpol.

Nitu a été appréhendé par la police dominicaine, à la demande de la police canadienne, il y a déjà quelque temps. Il faisait l’objet d’un avis de recherche – notice rouge – de la part d’Interpol qui avait publié sa photo sur son site internet.

Ce sont des enquêteurs du SPVM qui sont allés chercher Nitu en République dominicaine et l’ont ramené ici.

Il fait face à des chefs de gangstérisme, complot pour trafic de drogue et trafic de drogue.

La poursuite, assurée par Me Marie-France Plante et Me Karine Cordeau, s’est opposée à sa remise en liberté. Son enquête sur remise en liberté a été fixée à la fin du mois de février. 

Nitu fait l’objet d’ordonnances de ne pas posséder d’armes à vie et de ne pas communiquer avec ses coaccusés.

Mort de deux frères

L’enquête Asterios a été lancée à la suite de la découverte des corps de deux frères, morts d’une surdose de fentanyl, sous le pont Jacques-Cartier, à Montréal, en août 2017.

Rapidement, les enquêteurs ont eu dans leur ligne de mire un réseau de trafiquants d’héroïne et d’autres drogues qui exerçaient leurs activités dans les quartiers Hochelaga-Maisonneuve et Rosemont, dans l’est de la métropole.

L’enquête a nécessité des centaines de milliers d’heures d’écoute électronique, des milliers d’heures d’enregistrement vidéo, plus de 380 filatures et le travail de près de 450 policiers, selon ce que l’ancienne procureure au dossier, Me Marjorie Delagrave, avait révélé en cour.

Arrêt Jordan oblige, des perquisitions et des saisies avaient été effectuées en cours d’enquête, et Nitu, qui savait vraisemblablement ce qui s’en venait, avait présenté une requête pour contester la prolongation des délais de saisie des éléments découverts par les policiers, mais celle-ci avait été rejetée. 

Selon nos informations, Nitu aurait été l’un des adjoints du chef présumé du réseau, et aurait notamment eu la tâche de ravitailler l’organisation et de payer les fournisseurs et gérants.

Lors de perquisitions effectuées chez Nitu, les policiers auraient découvert sept téléphones cellulaires, des cartes SIM, une balance électronique contaminée, près de 400 $ en argent et un cahier de comptabilité manuscrite, selon des documents judiciaires obtenus par La Presse. L’accusé est représenté par Me Anne-Marie Campeau.

Durant l’enquête Asterios, des membres des Minotaures ciblés ont été observés par les policiers en compagnie de membres des Hells Angels. Mais le club-école aurait disparu après l’opération policière. 

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.