Les agences de sécurité du Canada ont insisté jeudi sur le fait qu'elles avaient très bien coopéré dans l'enquête menant à l'arrestation de présumés terroristes en Ontario, et ce, probablement afin de tenter de dissiper les critiques persistantes selon lesquelles la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) ne travaillent pas suffisamment ensemble lorsqu'il est question de sécurité nationale.

Ainsi, l'assistant directeur du SCRS, Raymond Boisvert, a semblé pressé de dire en conférence de presse que les indices de son service concernant les présumés terroristes ont été fournis à la GRC, qui a saisi la balle au vol et qui a complété une enquête criminelle exhaustive.

Il a affirmé que cela représentait un parfait exemple de l'étroite relation qui existe entre le SCRS et la GRC.

Les procès qui s'en suivront permettront de vérifier si M. Boisvert dit vrai. Dans le passé, cette étape a souvent démontré que les agences n'avaient pas suffisamment collaborées.

Le gouvernement fédéral a mis sur pied des équipes intégrées sur le renforcement de la sécurité qui comprennent des membres de la GRC, du SCRS, de l'Agence des services frontaliers du Canada et des polices provinciales et municipales.

Toutefois, le rapport de l'ancien juge à la Cour suprême, John Major sur l'attentat terroriste contre un appareil d'Air India en 1985 a révélé que les guerres intestines qui avaient rage lors de l'enquête n'ont pas disparues.

Dans ce rapport dévoilé au mois de juin, l'ancien juge affirme qu'il y a un manque de coordination et de direction lorsqu'il est question de sécurité nationale. Il ajoute que les agences canadiennes ont développé une culture de la gestion de l'information de manière à protéger leurs propres intérêts institutionnels.

De plus, la GRC a été critiquée pour ne pas avoir été en mesure d'arrêter le tueur en série Robert Pickton plus tôt. L'autorité du commissaire à la GRC, William Elliott, a aussi été mise à rude épreuve après que des agents principaux se sont plaints de son style de gestion «intimidant». Et une enquête en Colombie-Britannique a révélé que les autorités n'avaient pas bien géré le cas de l'immigrant polonais Robert Dziekanski, mort après avoir reçu des décharges de pistolet Taser.

Ainsi, tous ces incidents pourraient expliquer l'opération de relations publiques de jeudi.