Pour s'être graissé la patte avec l'argent des contribuables dans le cadre de son emploi à la Société immobilière du Québec, Yves Lessard a écopé d'une peine de deux ans moins un jour à purger dans la collectivité, hier, au palais de justice de Montréal.

Le juge Robert Sansfaçon a entériné cette suggestion commune des avocats, entre autres parce que M. Lessard a des remords et qu'il a remboursé 200 000$ à la SIQ. Ce remboursement met fin à la poursuite civile que la SIQ avait entreprise contre son ex-employé. Le montant prouvé de la fraude et malversation commises par M. Lessard entre mai 2001 et juin 2005 est d'environ 140 000$. Comme technicien en exploitation d'immeubles au sein de la SIQ, il se faisait payer des ristournes par des entreprises qui obtenaient des contrats avec la SIQ. Il s'agissait parfois d'enveloppes d'argent, parfois de travaux réalisés à sa propre maison. Les factures des entrepreneurs étaient gonflées et le profit était partagé en deux.

 

La méche a été éventée quand Stéphane Grenier, un employé congédié d'une entreprise de plomberie impliquée, a dénoncé le manège. M. Lessard a été congédié en novembre 2005, après 26 ans de service à la SIQ.

La procureure de la Couronne Céline Bilodeau a fait valoir que M. Lessard avait collaboré à l'enquête, et qu'il avait admis sa responsabilité dès le début. Il a d'ailleurs plaidé coupable à quatre accusations de fraude et d'abus de confiance. «C'est rare qu'on a des aveux avec des fraudeurs», a-t-elle souligné. Selon les représentations faites hier devant le tribunal, Lessard a vécu des épisodes dépressifs dans la foulée de cette affaire, et il a même envisagé le suicide, ce qui a nécessité son hospitalisation à deux reprises.

En rendant sentence, le juge Sansfaçon a fait une allusion à la crise qui sévit actuellement. Ceux qui travaillent pour la collectivité, mais qui pensent plus à leur profit personnel «sont en train de faire tomber le monde entier», a-t-il dit. Signalons que des poursuites civiles ont été entreprises contre des entreprises impliquées dans la fraude, et que trois autres employés de la SIQ ont été accusés et ont perdu leur emploi dans le cadre de cette affaire.