Francine Robert a entrepris de tuer sa mère, et de se tuer ensuite, le 14 mai 2014. « Je voulais nous débarrasser de nous deux. Je l'ai étouffée. Elle se débattait... Pas de serviette, pas d'oreiller, juste avec mes mains. Il n'y a personne d'autre qui est venu, c'est complètement moi. »

C'est ce que Francine Robert a raconté à l'enquêteur Michel Bourque, du Service de police de la Ville de Montréal, le 18 mai 2014, alors qu'elle était encore hospitalisée à l'Hôpital général de Montréal. L'enregistrement de cet interrogatoire a été diffusé hier, au premier jour de son enquête préliminaire. 

La femme de 61 ans est accusée du meurtre prémédité de sa mère, Aline Kellenney, tuée dans sa maison de la rue Saint-Gérard. Le drame a été découvert le lendemain, soit le matin du 15 mai. Mme Kellenney gisait par terre, un oreiller sur la tête. Une lettre de trois pages écrite par sa fille était posée sur elle. Mme Robert, pour sa part, a été trouvée inconsciente ailleurs dans la maison. Selon ses dires, elle avait avalé au moins 70 comprimés d'aspirine et d'autres médicaments, dont des antidépresseurs qui lui avaient été prescrits auparavant.

CHAMBRE D'HÔPITAL

Mme Robert est assise sur une chaise dans sa chambre d'hôpital quand elle s'entretient avec l'enquêteur Bourque. Au début, elle dit que son avocate lui a conseillé de garder le silence. Mais quand elle apprend que son ex-conjoint a parlé à la police, elle dit que « ça change la donne », et elle parle.

Elle raconte qu'elle a écrit la lettre dans sa résidence de Saint-Jérôme, et qu'elle est partie pour Montréal le soir du 14. Elle a pris quelques comprimés pour se calmer et est arrivée chez sa mère vers 19 h 45. Les raisons pour lesquelles elle voulait tuer sa mère semblent assez confuses. Il est question d'argent que Mme Robert aurait voulu que sa mère donne à ses petits-fils et du fait que sa mère était contrôlante.

Selon son récit, Mme Robert est entrée chez sa mère, elle l'a « mise à terre », puis elle l'a étouffée. Cela aurait pris une quinzaine de minutes, car la femme de 81 ans se débattait beaucoup.

Mme Robert n'avait pas d'antécédents judiciaires.

« J'ai jamais été en prison de ma sainte vie », a-t-elle dit. Elle a demandé à l'enquêteur Bourque si elle se retrouverait à un endroit comme dans la série Unité 9.

« Ça serait pas dans une affaire de même. Ça serait plus dans une prison maximum, hein ? », a-t-elle demandé.

En filigrane de son interrogatoire, on a appris que Mme Robert avait eu un accident de travail auparavant et qu'elle avait eu des prestations de la CSST. Elle travaillait avec des personnes souffrant de déficience intellectuelle et aurait été battue par un patient. C'est à ce moment qu'on lui aurait prescrit les médicaments qui ont servi à sa tentative de suicide, le 14 mai.

« Je m'en vais faire mon temps. Tout ce que je souhaite, c'est que ce ne soit pas trop rough en prison. Je ne suis pas rough, mais j'ai tué ma mère », a dit Mme Robert à l'enquêteur.

Assise dans le box, Mme Robert a pleuré à certains passages de l'enregistrement, hier.

L'enquête préliminaire se poursuit aujourd'hui, devant la juge Lori Weitzman. Me Elfride Duclervil défend l'accusée, tandis que Me Catherine Perreault représente la Couronne.