La mort d'Emmanuelle Phaneuf et de sa fille Laurie aura été très violente. Le pathologiste qui a pratiqué l'autopsie sur les deux victimes et qui témoignait vendredi au palais de justice de Longueuil pour le procès de François Tartamella a révélé que Mme Phaneuf avait reçu au moins 10 coups de couteau et sa fille de 13 ans, une vingtaine.

Pendant que le docteur Yann Dazé détaillait la liste des plaies des victimes, François Tartamella, accusé du meurtre non prémédité de son ex-conjointe et de la fille de cette dernière, regardait le sol fixement tout en s'essuyant les yeux sans montrer d'autres signes d'émotion.

L'homme de 37 ans n'a pas levé les yeux de la journée, pas même lorsque le pathologiste a annoncé que l'autopsie avait permis de découvrir que Mme Phaneuf était enceinte de deux à huit semaines.

En raison de la nature de leurs blessures, les victimes sont mortes rapidement. Lorsque les policiers sont arrivés à l'appartement des Phaneuf-Tartamella, le matin du 4 novembre 2011, leur décès a été constaté sur place. Les deux jeunes garçons du couple étaient en pleurs, mais n'étaient pas blessés.

Le couple cohabitait encore rue Beauharnois, à Longueuil, malgré sa séparation.

«Je voulais la garde partagée»

Plus tôt dans la journée, l'analyse d'un ordinateur portable dont le nom d'utilisateur était François et qui a été saisi sur la scène du crime a permis de découvrir une ébauche de lettre rédigée à 5 h 48, soit moins d'une demi-heure avant qu'un appel sans voix soit acheminé au 911, le 4 novembre.

«Je voulais la garde partagée [...] Je m'excuse, ma famille, j'ai trop mal [...] j'ai plus la force de continuer. J'ai plus de vie sans mes fils, j'aurais aimé les voir grandir», peut-on lire dans le document que la Couronne a déposé vendredi.

Quelques minutes avant le drame, une vidéo avait aussi été transférée sur le bureau de l'ordinateur. Dans cette vidéo montrée au jury vendredi, on voit la victime, en vacances à Cuba, se faisant masser par un homme. Dans son témoignage, l'amie d'Emmanuelle Phaneuf avec qui elle était allée à Cuba au début du mois d'octobre 2011 avait d'ailleurs affirmé la veille que ce voyage, et plus particulièrement une photo d'Emanuelle avec un Cubain, avait provoqué un sentiment de jalousie chez l'accusé.

Mots-clés retracés

Le sergent détective Sylvain St-Pierre, qui a extrait les données de l'ordinateur et qui témoignait vendredi, a également réussi à retracer les recherches par mots-clés inscrits dans différents moteurs de recherche.

En juillet 2011, les recherches avec les mots-clés «Espionner son conjoint», «Droit du père en cas de séparation, ou «Fathers 4 Justice» (un groupe qui dit lutter pour le droit des pères séparés et divorcés) ont été réalisées.

Une semaine avant le drame, l'ordinateur a aussi enregistré les recherches sur «Quoi dire en cour pour garde d'enfants» et «Astuces pour faire perdre garde d'enfants». Le couple devait se rendre en cour le 8 novembre 2011 au sujet de la garde de ses deux enfants.

Finalement, le matin du drame, les recherches «Dénoncer faute à la police» ou encore «Délai plainte criminelle et arrestation» ont aussi été effectuées entre 1 h 53 et 2 h 20 le matin. Le sergent Saint-Pierre a aussi été en mesure de retracer trois vidéos de discussions entre la victime et l'accusé.

Dans l'une d'elles, enregistrée sur l'ordinateur et portant le nom «Emmanuelle qui refuse une offre», on entend le couple se disputer sur les modalités de la garde des enfants.

Par ailleurs, un membre du jury s'est désisté pour des raisons de santé. Le procès se poursuivra avec 11 jurés et reprendra lundi.