Près de 20 000 logements, dont la moitié à prix abordables, reliés au métro par un tramway et disposés autour d’un grand parc, seront construits sur les terrains de l’ancien Hippodrome de Montréal et des alentours à partir de 2027.

C’est du moins la vision de la Ville de Montréal, qui dévoilait vendredi son plan directeur pour un quartier carboneutre dans le secteur Namur-Hippodrome.

Depuis la fin des courses de chevaux il y a 15 ans, la Ville, sous différentes administrations, a fait plusieurs annonces pour le développement du site, qui ne se sont jamais concrétisées.

Pourquoi cette fois serait-elle la bonne, alors que les terrains lui appartiennent depuis sept ans et sont toujours en friche ?

« J’ai confiance cette fois parce que la Ville n’est pas seule », a répondu la mairesse Valérie Plante en conférence de presse à l’hôtel de ville, en présence de représentants provinciaux et fédéraux et d’acteurs du monde des affaires et communautaire. « On a avec nous le secteur privé, les constructeurs, les organismes sans but lucratif qui construisent aussi, la Banque fédérale d’infrastructures est intéressée à nous appuyer. C’est important parce que les infrastructures souterraines et au sol vont coûter cher. Tout le monde s’entend et je pense qu’on n’a jamais vu ça avant. »

Des investissements de 6 millions, provenant à parts égales d’Ottawa, de Québec et de Montréal, ont été annoncés vendredi pour poursuivre les études sur le développement des terrains de l’ancien hippodrome, menées par le Groupe d’accélération pour l’optimisation du projet de l’hippodrome (GALOPH), composé d’une quinzaine de partenaires de tous les milieux.

  • On prévoit un tramway pour notamment relier le nouveau développement au métro Namur, dans l’axe de la rue Jean-Talon.

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    On prévoit un tramway pour notamment relier le nouveau développement au métro Namur, dans l’axe de la rue Jean-Talon.

  • Le plan directeur de la Ville prévoit plusieurs espaces verts sur le site.

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    Le plan directeur de la Ville prévoit plusieurs espaces verts sur le site.

  • Le site de l’ancien hippodrome actuellement.

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    Le site de l’ancien hippodrome actuellement.

  • Le projet de développement proposé par la Ville.

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    Le projet de développement proposé par la Ville.

  • Le plan directeur prévoit un grand parc au centre du développement résidentiel.

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    Le plan directeur prévoit un grand parc au centre du développement résidentiel.

  • On prévoit planter de nombreux arbres et une gestion écologique des eaux.

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    On prévoit planter de nombreux arbres et une gestion écologique des eaux.

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« Solution de société »

Le GALOPH a aussi présenté vendredi son concept pour ce site en particulier, qui sera au cœur du nouveau quartier : 10 000 logements pour tous les types de ménages, dont le prix sera « à l’abri de toute spéculation », a révélé l’architecte et urbaniste Clément Demers, membre du groupe.

Ces logements à prix abordables pourraient être construits par des OBNL en habitation, mais également par des promoteurs privés, selon le co-président du GALOPH, Pierre Boivin, président et chef de la direction de Claridge. « On va s’assurer que tous ceux qui sont intéressés à participer vont comprendre le modèle qu’on propose et veulent, en tant qu’entrepreneurs en immobilier, participer à une solution de société », a-t-il dit.

Mais avant d’intéresser des partenaires, il faut s’assurer que les infrastructures municipales (aqueduc, égouts, rues, etc.) soient construites, ce qui pourrait coûter 1,4 milliard. « La Ville de Montréal n’a pas cet argent-là », a souligné M. Boivin, se félicitant de l’intérêt du gouvernement fédéral pour ce projet. « Ottawa réalise à quel point la crise du logement est sérieuse, alors ils sont ouverts à des solutions innovantes », a-t-il avancé.

Sur le site de 43 hectares, la Ville et le GALOPH prévoient des équipements sportifs, communautaires et culturels, des services de proximité, des zones d’emplois, des écoles, un centre sportif, une bibliothèque, un pôle de santé, 14 hectares de nouveaux parcs et places publiques, soit l’équivalent de 20 terrains de soccer, et une plantation massive d’arbres et de végétaux, ainsi qu’une gestion écologique des eaux.

Le futur tramway roulerait dans l’axe de la rue Jean-Talon et pourrait se prolonger jusqu’au boulevard Cavendish, qui sera par ailleurs complété, indique le plan directeur de la Ville.

L’année dernière, les élus municipaux parlaient plutôt de la construction de 12 500 logements dans le secteur, dont la densité a donc été augmentée.

En mai 2023, l’organisme communautaire La Traversée a remporté un premier appel d’offres pour la construction d’un immeuble de 200 à 250 logements sociaux sur les terrains municipaux. Mais un autre appel d’offres, auprès du secteur privé, n’avait attiré aucune soumission.

Du côté de l’opposition à l’hôtel de ville, on craint que les entreprises privées ne soient pas plus enchantées par la nouvelle mouture du plan de développement. « Les promoteurs ne seront pas intéressés à faire affaire avec la Ville pour développer à 100 % un site de logements sociaux ou abordables. La Ville répète les mêmes erreurs que par le passé, alors qu’on est en pleine crise de l’habitation et qu’il fait agir vite », a souligné Julien Hénault-Ratelle, porte-parole de l’opposition en matière d’habitation.

Avec Philippe Teisceira-Lessard, La Presse