Valérie Plante a fait valoir lundi qu’il fallait réformer le déneigement à Montréal pour prioriser le déblaiement des trottoirs, alors que l’opposition s’inquiétait de l’impact de ces changements sur la vitesse du déblaiement de l’ensemble du territoire.

L’administration municipale présente ces jours-ci au conseil municipal le mode de fonctionnement qu’elle propose d’adopter pour les 10 prochaines années en matière de déneigement. Au programme : des territoires plus grands qu’auparavant, des normes de déglaçage des trottoirs plus serrées et moins de pouvoirs aux arrondissements locaux.

« Non seulement on veut assurer la qualité du déneigement et du chargement, mais surtout rehausser la qualité de l’expérience piétonne », a expliqué Valérie Plante, lundi avant-midi en point de presse. « Les changements climatiques, et on le voit avec les hivers très changeants, ont un impact majeur sur nos trottoirs. »

« La sécurité des piétons, on ne veut pas lésiner là-dessus », a-t-elle continué. « C’est le premier critère, même avant la fluidité, la sacro-sainte fluidité d’avant. »

Sa responsable du déneigement, Maja Vodanović, a assuré que la Ville de Montréal continuerait à respecter ses objectifs de déblaiement, qui prévoient qu’une opération de chargement de la neige doit prendre 4,3 jours. Actuellement, elle est réalisée en 3,1 jours, selon un document municipal. « C’est une bonification », a assuré l’élue.

« Une perte de service »

Début avril, le chef de l’opposition, Aref Salem, avait critiqué le projet.

« Ils arrivent avec une réforme du déneigement qui va baisser les services pour les Montréalais », avait-il plaidé en conférence de presse. « Le déneigement est pourtant au cœur de nos vies et doit être une priorité pour une métropole nordique comme Montréal. »

« Si la Ville veut faire des économies, elle doit regarder ailleurs et non pas réduire les services de base qui font partie de sa vraie mission, comme le déneigement et les vidanges », a fait valoir M. Salem.

L’opposition a aussi critiqué la proposition de supprimer la possibilité pour les arrondissements locaux de déclencher des opérations de chargement eux-mêmes. « Les conditions peuvent pourtant être différentes d’un arrondissement à l’autre. Il peut y avoir plus de neige à Montréal-Nord qu’à Verdun », observe Christine Black, mairesse de Montréal-Nord et membre de l’opposition.

Jean-François Parenteau, responsable du déneigement au sein de l’administration Plante de 2017 à 2021, pose aussi un regard sévère sur la réforme du déneigement.

« C’est clair que c’est une perte de service », a fait valoir M. Parenteau, en entrevue téléphonique avec La Presse, en affirmant que cette réforme semblait motivée par la volonté de faire des économies. L’augmentation de la taille des territoires de déneigement, qui passeraient de 30 km2 à 40 km2, créera des retards, a-t-il prédit : « ce qui prenait 3-4 jours va prendre 4-5 jours ».