La Ville de Montréal ne planifie pas d’opération de chargement pour retirer les accumulations de neige dans les rues, après la tempête, mais compte plutôt sur le réchauffement des températures dans les prochains jours pour voir le tout se transformer en eau.

« Dès hier soir, nos équipes ont commencé le déblaiement des trottoirs, des rues, et on continuera de déblayer jusqu’à demain si nécessaire », a indiqué la responsable du déneigement au comité exécutif, Maja Vodanovic, en point de presse jeudi à l’hôtel de ville.

« Une chose est certaine, je ne pense pas qu’il y aura de chargement de la neige parce que tout devrait fondre dans les prochains jours », a ajouté Mme Vodanovic, également mairesse de Lachine.

Le mercure devrait en effet monter jusqu’à 5oC vendredi, jusqu’à 6oC samedi et jusqu’à 9oC dimanche.

Généralement, une opération de chargement de la neige est déclenchée lorsque l’accumulation de neige au sol atteint 15 cm. L’accumulation prévue lors de la tempête de jeudi est de 15 à 20 centimètres à Montréal.

Mais selon le chef de l’opposition au conseil municipal, Aref Salem, le déblaiement et le déglaçage des trottoirs étaient déficients jeudi, alors qu’on se trouvait au cœur de la tempête.

« Actuellement, les trottoirs ne sont pas praticables et les rues ne sont pas praticables, a-t-il dénoncé. Il n’y a pas de sel ! On aurait pu en mettre un peu au moins sur les trottoirs pour que les gens puissent marcher. Ça serait la moindre des choses de s’occuper des plus vulnérables comme les piétons qui veulent sortir de chez eux pour travailler, faire des courses ou prendre le transport en commun. »

Maja Vodanovic a souligné que les employés responsables du déneigement ne pouvaient pas tout faire en même temps, alors que la tempête se poursuivait, et qu’il fallait leur laisser le temps de déblayer tous les secteurs de la ville.

« Ça prend au moins une journée, ce n’est pas magique », a-t-elle précisé.

Changements à la politique de déneigement

Par ailleurs, l’opposition a déploré, en ce jour de tempête, les projets de l’administration de la mairesse Valérie Plante, qui prévoit modifier sa politique de déneigement.

Selon M. Salem, les changements proposés, qui n’ont pas encore été dévoilés publiquement, auront pour effet d’accroître les délais de chargement de la neige lors des futures tempêtes.

« Ils arrivent avec une réforme du déneigement qui va baisser les services pour les Montréalais », a-t-il avancé, en conférence de presse. « Le déneigement est pourtant au cœur de nos vies et doit être une priorité pour une métropole nordique comme Montréal. »

Actuellement, la politique de la Ville prévoit qu’une opération de chargement de la neige doit prendre 4,3 jours. Or, dans les faits, elle est réalisée en 3,1 jours, selon un document de travail obtenu par La Presse.

L’administration propose donc un redécoupage des secteurs de déneigement, qui les ferait passer de 30 à 40 kilomètres, selon le document daté du 25 mars. Les délais de chargement seraient donc augmentés.

Depuis quelques années, les arrondissements ont la possibilité de décider eux-mêmes de déclencher une opération locale de chargement de la neige, deux fois par hiver, selon les conditions dans leur secteur. L’administration Plante propose de n’en permettre qu’une seule, payée par chaque arrondissement, s’indigne l’opposition.

« Les conditions peuvent pourtant être différentes d’un arrondissement à l’autre. Il peut y avoir plus de neige à Montréal-Nord qu’à Verdun », observe Christine Black, mairesse de Montréal-Nord et membre de l’opposition.

Maja Vodanovic répond à ces critiques en soulignant que des discussions sont en cours avec les arrondissements à ce sujet, avant le prochain conseil municipal, le 15 avril.

Priorité : trottoirs

Le but est de dégager des ressources pour mieux entretenir les trottoirs, puisqu’il s’agit d’une priorité des Montréalais, bien avant le chargement de la neige, selon un sondage commandé par l’administration, dit-elle.

« Le problème avec les changements climatiques, c’est les trottoirs, la sécurité des piétons, à cause des fluctuations de température qui créent de la glace, c’est ça qui est dur », explique Mme Vodanovic.

Dorénavant, on propose de ne pas déclencher d’opération de chargement de la neige avant que tous les trottoirs ne soient dégagés.

L’administration souhaite également faire déneiger les grandes artères traversant plusieurs arrondissements par une seule entreprise, et donner des contrats séparés pour le déneigement des débarcadères pour personnes handicapées et des arrêts d’autobus, indique Mme Vodanovic.

D’autres changements envisagés : la possibilité de déclencher des chargements partiels, notamment pour les voies réservées aux autobus, ou d’interrompre une opération de chargement s’il se met à pleuvoir, ce qui n’est pas possible actuellement.

Le document de travail de l’administration fait état d’une « explosion spectaculaire des prix soumis en 2023, [soit] plus de 80 % ».

Il indique que le redécoupage des territoires de déneigement pourrait générer des économies potentielles d’environ 1 million par arrondissement.

« Mais si la Ville veut faire des économies, elle doit regarder ailleurs et non pas réduire les services de base qui font partie de sa vraie mission, comme le déneigement et les vidanges », fait valoir Aref Salem.