Ottawa allonge près de 17 millions de dollars pour augmenter la capacité ferroviaire du port de Montréal, en ajoutant une quatrième voie sur le pont ferroviaire Pie-IX. L’investissement devrait permettre de diminuer le nombre de véhicules lourds en circulation sur le site.

« On va faire en sorte d’avoir plus de transport par trains, et moins par camions. On vient augmenter la fluidité du transport de marchandises tout en luttant contre la crise climatique », a fait valoir lundi le ministre des Transports, Pablo Rodriguez, en annonçant la nouvelle devant un parterre de gens d’affaires, à l’invitation de la Chambre de commerce de l’est de Montréal (CCEM).

Le projet prévoit l’ajout d’une quatrième voie sur le pont ferroviaire Pie-IX ainsi que la construction d’une aire d’entreposage, précise Transports Canada dans un communiqué. Au total, il faudra ajouter 500 mètres au réseau ferroviaire du pont, ajoute l’agence fédérale à ce sujet.

Tout cela permettra d’appuyer Sucre Lantic dans son expansion et « d’amener plus facilement leur sucre en Ontario », a expliqué le ministre. Sucre Lantic, qui a une usine située sur le territoire portuaire de Montréal, a récemment annoncé un investissement de 200 millions afin d’augmenter sa capacité de production de 20 %.

« Nous nous réjouissons de cet investissement […] qui viendra appuyer notre projet d’expansion de notre capacité de production de sucre », a d’ailleurs réagi lundi le président et chef de la direction de Lantic, Mike Walton. Cette quatrième voie permettra selon lui « une fluidité supplémentaire pour nous permettre de desservir notre clientèle » à travers le Canada.

Ottawa avait déjà investi l’automne dernier 150 millions dans le mégaprojet d’expansion du port de Montréal à Contrecœur. Il en coûtera cette fois 16,75 millions au gouvernement fédéral, une somme qui sera pigée à même le Fonds national des corridors commerciaux.

Ce dernier est une réserve gouvernementale de 4,6 milliards destinée à financer des projets d’infrastructure dans les aéroports et les ports, notamment, dont 4,1 milliards ont déjà été investis.

Au Port de Montréal, la PDG Julie Gascon a quant à elle estimé que l’appui du gouvernement fédéral permettra de « renforcer la résilience et la connectivité ferroviaire [des] installations, et ce, aux bénéfices de toutes [ses] utilisations ». L’organisme Manufacturiers & Exportateurs du Québec a également applaudi l’initiative, en rappelant « qu’investir dans nos infrastructures de transports, c’est favoriser la compétitivité de notre économie et nos exportations ».

Un « climat de méfiance »

Cette nouvelle annonce survient alors que des négociations sont toujours en cours entre les débardeurs du port de Montréal et leur employeur, l’Association des employeurs maritimes. À la fin du mois de février, le syndicat des vérificateurs du port et l’AEM avaient d’ailleurs demandé aux débardeurs de reprendre « rapidement » les négociations avant que les choses n’empirent.

« L’instabilité et l’incertitude causées par la lenteur à conclure les négociations font en sorte que [le port de Montréal] est délaissé pour plusieurs cargaisons non essentielles, et ce, au profit d’autres ports », ont souligné les deux groupes dans une déclaration commune d’abord révélée dans nos pages.

Pablo Rodriguez s’est dit lundi préoccupé par le « climat de méfiance » entre les débardeurs du port de Montréal et leur employeur. « Honnêtement, je n’ai pas vu ça ailleurs », a-t-il déclaré lorsqu’interrogé sur le sujet.

« Il y a un problème de fond qu’il va falloir résoudre. Lors des années de paix, entre guillemets, qu’on va avoir, après les négociations, il va falloir retravailler beaucoup la relation », a poursuivi le ministre.

En septembre dernier, La Presse rapportait d’ailleurs que des gestionnaires dans l’industrie maritime pensaient déjà à des plans B pour faire transiter des marchandises ailleurs sur la côte advenant une nouvelle grève aux installations de Montréal. Le port de Vancouver – le plus important au pays – avait été paralysé par une grève pendant 13 jours en juillet dernier.

« Nous partageons les inquiétudes du ministre et souhaitons ardemment un dialogue constructif qui mène à un accord durable et mutuellement bénéfique », a indiqué par écrit la porte-parole du Port de Montréal, Renée Larouche.

« Les négociations en cours sont cruciales pour les milliers d’entreprises qui utilisent le Port de Montréal, alors que le Port est la principale plateforme de commerce de l’est du Canada, desservant 75 % de la capacité manufacturière du pays et près des deux tiers de la population canadienne », a ajouté Mme Larouche.

Avec La Presse Canadienne

En savoir plus
  • 10 %
    C’est la proportion du PIB québécois qu’on peut associer aux activités du port de Montréal, selon des chiffres avancés lundi par la Chambre de commerce de l’est de Montréal.
    2,7 milliards
    C’est l’équivalent des retombées annuelles du port de Montréal, qui est responsable de plus de 37 000 emplois. Au total, la valeur annuelle des marchandises manutentionnées au port est de 151,2 milliards.