Le Réseau express métropolitain (REM) ne circulera plus après 22 h le soir dès le 15 octobre, du dimanche au jeudi, entre les stations Panama et Gare Centrale, et ce, pendant six semaines, en raison de travaux pour réduire le bruit généré par le train léger.

Le gestionnaire du REM, CDPQ Infra, avait déjà évoqué il y a quelques semaines que des interruptions de service étaient à prévoir, mais on ignorait encore quand avec précision.

Le service sera donc interrompu de 22 h à 1 h 30, heure normale de fermeture du REM, qui rouvre ensuite à 5 h 30 le matin. L’horaire habituel de fermeture à 1 h 30 sera toutefois maintenu les vendredis et les samedis. « Durant l’interruption, des navettes d’autobus assureront le service entre les deux stations », a précisé CDPQ Infra par communiqué, qui fera donc de nouveau appel au Réseau de transport de Longueuil pour déplacer les usagers.

Avouant que le bruit émis par son train est « insatisfaisant » entre L’Île-des-Sœurs et la gare Centrale, la filiale de la Caisse de dépôt avait annoncé à la fin du mois de septembre que du meulage acoustique serait réalisé sur les rails d’ici novembre. Cela revient essentiellement à appliquer un produit lubrifiant sur les rails pour réduire le bruit du frottement avec le train lors de son passage.

Des absorbeurs dynamiques seront aussi ajoutés d’ici décembre afin de réduire la propagation des vibrations sur les rails. Ces deux mesures devraient générer une réduction de l’intensité sonore de 5 à 10 décibels, ce qui revient à réduire le bruit « de 3 à 10 fois ». L’ajout de nouveaux murs antibruit a été exclu.

« Prendre les usagers par surprise »

Chez Trajectoire Québec, association qui défend les intérêts et les droits des usagers du transport collectif, on dénonce que ce sont les usagers qui écoperont d’abord à cause de la situation. Le groupe aurait mieux aimé que les travaux soient réalisés « pendant les quatre heures d’arrêt de service la nuit, qui sont justement prévues pour les entretiens des voies ».

« On vient de prendre les usagers par surprise avec cette annonce à cinq jours de préavis, ce qui est peu pour ceux qui devront ajuster leurs déplacements », regrette la directrice générale de l’organisme, Sarah V. Doyon. « L’important est de maintenir la qualité de service pour que les usagers puissent s’y fier », persiste-t-elle.

À ses yeux, imposer une correspondance pour passer de la navette au REM « ajoute au désagrément » pour les usagers.

Jusqu’à 75 décibels

Si le meulage sera effectué « sur l’ensemble du tronçon entre L’Île-des-Sœurs et la gare Centrale », les absorbeurs dynamiques, eux, ne seront toutefois présents que « sur les portions importantes du tracé, situées près des habitations », avait dit le président et chef de la direction de CDPQ Infra, Jean-Marc Arbaud.

Des mesures prises par La Presse avec un sonomètre cet été avaient permis de constater que le bruit généré par le REM dépasse régulièrement les 70 décibels, notamment dans le quartier Pointe-Saint-Charles, parfois même la barre des 75 décibels.

La situation avait alors préoccupé la Santé publique de Montréal, mais aussi bon nombre de riverains exaspérés par le dérangement de leur quotidien, forçant la Caisse de dépôt à déclencher une campagne de tests sonores. C’est à l’issue de celle-ci que la décision d’effectuer de nouveaux travaux a été prise.

Ces travaux d’atténuation du bruit devraient coûter « quelques millions, moins de dix », a indiqué M. Arbaud, qui n’y voit pas d’enjeu budgétaire.

En savoir plus
  • 8 milliards
    Selon la plus récente évaluation datant du début du mois de septembre, le REM coûtera finalement près de 8 milliards, une hausse de 45 % par rapport à l’estimation initiale du projet. Sans surprise, CDPQ Infra a cité la pandémie, la guerre en Ukraine et la découverte d’explosifs centenaires dans le tunnel Mont-Royal pour expliquer cette hausse.
    SOURCE : CDPQ INFRA