Loto-Québec a finalement décidé de retirer son projet de salon de jeux au centre-ville de Montréal, mardi, après avoir pris connaissance d’une seconde opinion de la Santé publique sur le sujet, au lendemain d’un premier avis défavorable.

« Les conditions ne sont pas réunies pour assurer le succès de la démarche », affirme la société d’État dans un communiqué publié mardi, en fin d’après-midi.

Sans en citer le contenu, Loto-Québec indique avoir pris connaissance de l’avis de la Direction régionale de santé publique avant de prendre sa décision qui survient « malgré les dispositions permettant [la] réalisation » du projet.

Le projet de salon de jeux au Centre Bell avait déjà fait l’objet d’un avis défavorable de la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal, révélé par La Presse lundi. Loto-Québec disait attendre l’avis de la Direction nationale de santé publique (DNSP), l’organisme supérieur, qui était toujours en cours de rédaction lundi, avant de prendre une décision sur le sort de son projet.

Ni le ministère de la Santé et des Services sociaux ni le ministre des Finances (duquel relève Loto-Québec) n’ont indiqué mardi soir quelle était la conclusion exacte de cet avis et si ce dernier serait rendu public.

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Un « rendez-vous manqué »

Si Loto-Québec affirme « respecter » l’avis de la Santé publique, elle se dit également « persuadée qu’il s’agit d’un rendez-vous manqué ». « Des pratiques de commercialisation responsable reconnues, soit une offre de divertissement variée favorisant la socialisation et encadrée de façon sécuritaire et responsable, auraient d’ailleurs été mises en place », poursuit-elle.

Le projet de salon de jeux devait se réaliser sur les lieux du restaurant Taverne 1909, un édifice de quatre étages jouxtant le Centre Bell. La société d’État désirait y installer 350 machines à sous provenant du Casino de Montréal.

En parallèle, Loto-Québec proposait de retirer environ 500 appareils répartis dans l’île de Montréal.

La société d’État s’est targuée mardi de s’être plutôt engagée au retrait de « 600 appareils de loterie vidéo (ALV) installés dans des bars situés dans des zones défavorisées de l’île de Montréal ». « Cela se serait traduit par le retrait de 20 % des ALV et une réduction de 20 % des établissements avec des ALV à Montréal », affirme-t-elle.

Malgré tout, dans son avis défavorable rendu public lundi, la DRSP de Montréal tranchait que le projet tel qu’il était présenté était susceptible de rejoindre et d’initier au jeu un nombre important de joueurs vulnérables.

On invitait alors Loto-Québec « à poursuivre la diminution du nombre de sites d’ALV tel qu’observé depuis 2017 à Montréal en cessant d’accorder des permis d’exploitation d’appareils de loterie vidéo (ALV) ». La demande pour ce type de jeu « du coin de la rue » est clairement en baisse, affirmait la directrice de santé publique de Montréal, Mylène Drouin.

« Ne rien faire n’est pas une solution »

Mardi, Loto-Québec s’est dite convaincue de la nécessité de revoir le modèle de son « offre terrestre », et ce, « afin qu’il réponde davantage aux enjeux et aux besoins actuels ». « Ne rien faire n’est pas une solution, affirme-t-elle dans son communiqué. Réduire notre offre sans proposer d’alternative pour répondre à la demande des joueurs n’en est pas une non plus. »

La DRSP s’inquiétait également de la « normalisation » du jeu associée à l’ouverture d’un salon de jeux lié à l’environnement du Canadien de Montréal, dans le contexte d’un partenariat entre Loto-Québec et le Groupe CH.

Loto-Québec reconnaissait d’ailleurs mardi cet argument relié à son association au Groupe CH, qu’elle désigne comme « une marque aussi connue qu’appréciée ». « Rappelons que le Groupe CH est l’une des seules équipes professionnelles qui ne se sont pas associées avec des opérateurs illégaux de jeux de hasard et d’argent. »

Loto-Québec conclut en affirmant que son avenir « est loin de reposer uniquement sur le projet au Centre Bell ».