L’Est du centre-ville, un secteur déjà sinistré, n’en a pas fini avec les chantiers majeurs : la Société de transport de Montréal (STM) excavera une bonne partie du parc Émilie-Gamelin et des rues environnantes pour imperméabiliser la station Berri-UQAM.

Ces travaux, qui promettent de donner des maux de tête dans le quartier, constitueront la seconde phase du projet responsable de la fermeture actuelle du boulevard De Maisonneuve.

« La réalisation des travaux nécessite une excavation à ciel ouvert afin d’atteindre le toit de la station et de pouvoir remplacer [la] membrane dont la fonction est de prévenir les infiltrations d’eau dans le métro », indique un document d’appel d’offres récemment publié par la STM. La membrane, en mauvais état, date de la construction du métro, en 1966.

Ce document mentionne que les travaux sont prévus pour 2024-2025. Dans un courriel, l’organisation a indiqué que le chantier n’ouvrirait finalement « pas avant 2025 ».

« La mise en place d’un chantier d’une telle d’envergure localisée dans un secteur aussi névralgique de la ville apporte inévitablement des impacts pour les riverains et nous en sommes bien conscients », a indiqué une porte-parole de la STM, Justine Lord-Dufour, par courriel.

C’est d’ailleurs pourquoi le projet a été pensé et planifié en plusieurs phases subséquentes, de manière à atténuer les impacts sur le secteur et la clientèle.

Justine Lord-Dufour, porte-parole de la STM, au sujet du centre de transport

Mme Lord-Dufour a souligné que ce projet avait fait l’objet de communications depuis 2019, notamment avec les « organismes riverains ».

Ces travaux devraient contribuer à réduire les nombreuses fuites d’eau qui affligent la « station la plus achalandée du réseau ». La Ville de Montréal en profitera pour faire élargir ses pistes cyclables dans la rue Berri et sur le boulevard De Maisonneuve, ajouter plus de 100 arbres et effectuer une « revalorisation de la place Émilie-Gamelin ».

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Ces travaux devraient contribuer à réduire les nombreuses fuites d’eau à la station Berri-UQAM. Ci-dessus, un dégât d’eau en 2016.

Sur la voie de garage

Le document d’appel d’offres consulté par La Presse évoque aussi d’autres projets immobiliers peu ou pas connus de la STM.

Le plus important : le centre de transport de l’Est, un immense garage d’autobus projeté sur un terrain acheté à l’angle des rues Souligny et Dickson dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Le projet devait être mis en chantier en 2020 et accueillir ses premiers autobus cette année. Facture prévue : 370 millions.

« Un site de plus de 50 000 mètres carrés dans l’est de Montréal a été acquis par la STM, à la suite de l’étude de faisabilité, en vue de la construction du centre de transport de l’Est, indique le document. Le projet est présentement en attente de financement. »

Par courriel, la STM a précisé que « l’échéancier global du projet reste à établir, notamment pour tenir compte [des] besoins en électrification et des centres qui devront être transformés en priorité. Le tout, dans un contexte où [les] besoins opérationnels évoluent aussi, notamment en fonction de l’achalandage prévu dans les prochaines années ».

Il n’est pas prévu pour le moment que ce centre de transport soit souterrain.

Justine Lord-Dufour, porte-parole de la STM, au sujet du centre de transport

Le dernier projet du genre de la STM, le centre de transport Bellechasse, connaît des dépassements de coûts et d’échéanciers importants parce qu’il est construit partiellement sous terre, une tâche beaucoup plus complexe et coûteuse que prévu.

L’appel d’offres qui détaille ces projets servira justement à trouver une firme spécialisée en matière de gestion de risque. La STM présente ces cas aux potentiels soumissionnaires afin de les informer du type de dossiers qu’ils auront à analyser.

Ventilation, ascenseurs et électricité

Des projets de moindre ampleur sont aussi inclus. L’organisation entend notamment construire un nouveau poste de ventilation mécanique sur les terrains des Habitations Jeanne-Mance, au centre-ville, qui prendrait la forme d’un faux triplex. Cet équipement se trouvera entre les stations Berri-UQAM et Saint-Laurent.

IMAGE SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL

Futur poste de ventilation mécanique, caché dans un faux triplex des Habitations Jeanne-Mance

« Plusieurs postes de ventilation mécanique ont atteint la fin de leur durée de vie utile », indique la STM. « Ce projet a fait l’objet d’une étude de faisabilité et la réalisation des plans et devis débutera dès que le financement du programme Réno-Système […] sera confirmé. »

Elle prévoit aussi un agrandissement de la station De l’Église, à Verdun, afin d’accueillir un ascenseur. « Ce projet a fait l’objet d’une étude de faisabilité et la réalisation des plans et devis est en cours », indique la STM dans son document. « La mise en œuvre débutera dès que le financement […] sera confirmé. »

IMAGE SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL

Agrandissement projeté de la station De l’Église

Finalement, l’opérateur de transports en commun compte construire un poste abaisseur de tension électrique « à l’arrière de la station Lionel-Groulx dans un parc de l’arrondissement [du] Sud-Ouest », toujours selon l’appel d’offres. « Afin d’augmenter son acceptabilité sociale », il serait dissimulé. « Le secteur a déjà subi plusieurs transformations du fait des travaux de la STM et conséquemment [l’adhésion des voisins] au projet est très mitigée. »

La porte-parole Justine Lord-Dufour a nuancé cette version des faits : « Plusieurs solutions sont toujours à l’étude et il n’est pas possible pour le moment de confirmer qu’une nouvelle structure sera requise dans le cadre de ce projet. » « Comme pour plusieurs autres projets de la STM liés au métro, celui-ci se trouve dans un contexte hautement densifié, et nous sommes déterminés à faire preuve d’une approche diligente et collaborative pour minimiser les impacts sur les riverains », a-t-elle ajouté.