Faut-il s’attaquer au manque d’espaces tarifés dédiés aux personnes handicapées à Montréal ? La Ville en offre jusqu’ici 221, un nombre qui est nettement « insuffisant » aux yeux du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ).

« Pour nous, c’est un manque de volonté politique, c’est clair. Ça en prendrait au moins 1000 sur toute l’île, donc au moins 4-5 fois plus », lance la porte-parole de l’organisme, Linda Gauthier.

L’administration montréalaise reconnaît qu’il y a place à l’amélioration. « Il y a encore du chemin à faire pour assurer l’accessibilité universelle à l’échelle de toute la ville, mais la Ville y est cependant fermement engagée », affirme une porte-parole de l’administration Plante, Karla Duval. En date du 31 décembre 2022, l’Agence de mobilité durable (AMD) dénombrait en effet « 221 places tarifées sur rue réservées aux personnes à mobilité réduite », confirme-t-elle.

Montréal affirme qu’en plus des places de stationnement pour les personnes à mobilité réduite offertes par la Ville, d’autres sont offertes « sur le domaine privé, par exemple, aux abords des différents commerces ». « Des places sur rue, mais qui ne relèvent pas de l’Agence de mobilité durable sont aussi disponibles » dans les arrondissements, fait-on valoir.

Les personnes détenant un permis qui ne disposent pas d’un espace de stationnement peuvent « faire une demande pour obtenir une place réservée près de leur lieu de résidence, auprès du bureau de leur arrondissement », rappelle la Ville.

Elle soutient par ailleurs que la Ville s’engage à « construire des espaces publics, des parcs, des bâtiments municipaux accessibles », grâce à « l’approche ADS+ » incluse dans tous ses appels à projets, qui a pour objectif de déterminer « de façon préventive » les effets d’une politique sur de potentielles discriminations comme la situation de handicap.

« Manque de volonté »

Linda Gauthier, elle, estime que Montréal manque de volonté. « On a fait des recommandations en ce sens déjà, mais depuis que l’Agence de mobilité durable existe, on dirait que la Ville pellette tout ce qui est permis de stationnement et règlements dans sa cour. Nous, on fait des demandes en conseil et ils nous réfèrent à eux, ou ils nous disent qu’ils vont leur en parler. Ça devient lourd », illustre-t-elle en ce sens.

Investir dans davantage de places de stationnement ne doit toutefois pas se faire au détriment du transport adapté, « qui demeure le principal moyen de déplacer des personnes handicapées », rappelle Linda Gauthier. « On remarque que la plupart des usagers préfèrent utiliser ce service que d’utiliser un véhicule à proprement parler », soulève la porte-parole.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Minibus destiné au transport adapté de la Société de transport de Montréal (STM)

Un autre porte-parole de la Ville, Hugo Bourgoin, assure que Montréal fait « des efforts considérables afin de rendre le transport actif et collectif accessible à tous ». La nouvelle mouture du Guide d’aménagement durable des rues concernant des aménagements piétons inclut notamment « une fiche technique sur l’aménagement d’arrêts d’autobus accessibles aux abords des pistes cyclables », rappelle-t-il.

De surcroît, ajoute M. Bourgoin, « la Commission sur le transport et les travaux publics a entrepris une consultation publique sur les mesures d’accessibilité universelle et la mobilité active dont le rapport sera déposé au cours des prochains mois ».

Un travail est aussi fait « en continu » avec la Société de transport de Montréal (STM) pour « assurer l’accessibilité des stations de métro », poursuit-il. À ce jour, 26 des 68 stations sont dotées d’ascenseur ; 42 d’entre elles ne sont donc pas encore « universellement accessibles ». Cinq autres chantiers sont en cours dans les stations Berri-UQAM, Édouard-Montpetit, D’Iberville, Outremont et Place-Saint-Henri.

« Dus pour une mise à jour »

Au Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-MTL), le responsable aux transports, Blaise Rémillard, ne s’explique pas qu’il n’y ait pas « d’étude ou de mécanisme à la Ville sur le nombre de places pour personnes handicapées qui est nécessaire, et la demande qui vient avec ».

« En ce moment, ça fonctionne vraiment à la pièce et c’est à la demande des organisations de défense de leurs droits que les places sont réservées. C’est clair qu’une stratégie plus rigoureuse et chiffrée sur les besoins permettrait d’avoir une meilleure équité pour les personnes handicapées », soutient-il.

Son groupe suggère en priorité à l’administration Plante de consulter le milieu pour avoir une meilleure idée de la situation. « On est peut-être dus pour une bonne mise à jour de l’inventaire, pour voir où il y a réellement de la demande », insiste M. Rémillard, en soulignant que « la dépendance à l’auto pour les personnes handicapées fait qu’on devrait vraiment les prioriser dans l’accès au stationnement ».