L’administration Plante veut « durcir les règles du jeu » envers les propriétaires d’immeubles vacants ou mal entretenus avec un nouveau règlement incluant des amendes pouvant atteindre 250 000 $.

La Ville exigera notamment que les immeubles vacants soient enregistrés, que l’installation de barricades soit limitée dans le temps et que les immeubles vides soient chauffés à au moins 10 degrés Celsius.

Le nouveau règlement augmentera aussi de façon importante les amendes qui peuvent être imposées aux propriétaires délinquants.

« C’est un grand pas en avant que l’on fait aujourd’hui pour notre ville et pour notre collectivité », a dit Robert Beaudry, l’élu en charge de l’urbanisme à l’hôtel de ville.

Il a précisé que des modestes frais d’enregistrement seraient imposés aux propriétaires de bâtiments vacants, mais celui-ci ne constituerait pas une taxe sur la vacance.

Par contre, l’obligation mieux encadrée de garder en bon état les bâtiments désaffectés pourrait pousser certains d’entre eux vers le marché locatif, a souligné M. Beaudry.

« Il y a des propriétaires qui utilisent la stratégie de laisser dépérir leur bâtiment pour qu’on vienne amener un ordre de démolition et qu’ils puissent profiter de la pleine densité de l’espace, a-t-il dit. En mettant en place une réglementation qui oblige les propriétaires à investir alors que le building est vacant, on allonge la durée de vie du bâtiment, on s’assure de l’entretien des éléments patrimoniaux et en plus on les encourage à louer leur actif. »

« On évalue qu’environ 800 bâtiments sont laissés vacants, dont environ 150 sont des bâtiments patrimoniaux », a ajouté Ericka Alneus, l’élue en charge de la culture. « On veut s’assurer qu’ils puissent être préservés. »

L’administration municipale reconnaît que la Ville de Montréal doit elle-même faire des efforts pour l’entretien de ses propres bâtiments âgés ou vacants. La Ville évalue qu’une grande partie de son parc immobilier est vétuste et l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) compte des centaines de logements barricadés par manque d’entretien.

Le nouveau « Règlement sur l’occupation et l’entretien des bâtiments » doit encore faire l’objet de consultations et de présentations devant différentes instances avant d’entrer en vigueur.

Réactions variées

La présentation de jeudi a suscité des réactions variées.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal a indiqué qu’elle « ne pouvait pas être contre la vertu », mais a émis des doutes quant à l’efficacité du nouveau règlement en l’absence d’inspecteurs supplémentaires.

« Qui va appliquer cette réglementation ? Même avec la réglementation qui existait avant on n’avait pas assez d’inspecteurs », a déploré le chef de l’opposition Aref Salem. Il faut qu’on ait plus d’outils pour faire appliquer cette réglementation. »

M. Salem a souligné que Montréal était mal placée pour faire la leçon aux propriétaires, alors que certains de ses propres bâtiments tombent en ruine. « Est-ce que la Ville va commencer à se donner des amendes à elle-même ? », a-t-il lancé.

Héritage Montréal, pour sa part, a accueilli positivement le projet de règlement.

« C’est une excellente nouvelle, a affirmé son porte-parole Dinu Bumbaru. C’est un très bon pas en avant. »

M. Bumbaru a indiqué qu’il avait hâte de pouvoir lire les détails du texte du futur règlement, mais que déjà la teneur des amendes maximales annoncées est « spectaculaire ». « Il faudrait que la Ville soit exemplaire », a-t-il ajouté.

« On ne peut pas s’objecter à l’idée qu’il y a un renforcement de la surveillance, notamment pour les bâtiments abandonnés », a dit Marc-André Plante, porte-parole de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec. « On espère que l’intention de la Ville de Montréal d’exercer un leadership plus fort en matière de surveillance à l’égard des bâtiments vacants et patrimoniaux va être accompagnée de ressources pour la surveillance. »