Des employés d’entretien de la Société de transport de Montréal (STM) s’inquiètent d’une « tendance lourde » à la sous-traitance depuis quelques mois. Leur syndicat dénonce une forte hausse des coûts y étant associée.

« Il y a toujours eu des petits enjeux de privatisation, mais là, on donne du travail à l’externe au double et au triple du prix sans aucune raison. La flotte d’autobus est pourtant en bonne position. On trouve ça aberrant », explique un porte-parole du Syndicat du transport de Montréal (CSN), Simon-Pierre Robillard.

Son groupe a constaté une hausse graduelle de la sous-traitance ces derniers mois. « Ça a commencé par les véhicules de service. On a vu des contrats pour inspection et réparation qui totalisaient 700 000 $ et 500 000 $ », se désole M. Robillard. Aujourd’hui, environ 25 % des inspections sont faites à l’externe, dit-il, à savoir environ une soixantaine sur plus de 215 annuellement.

Depuis l’abandon de la production et du reconditionnement des étriers de freins des bus à l’interne, il y a maintenant deux ans, le syndicat estime que les pertes sont également considérables.

« Juste en 2022, on a acheté 945 étriers avant neufs, qui coûtent 700 $ chacun, et 1400 étriers arrière neufs, qui coûtent 800 $ chacun. S’ils avaient été reconditionnés, le coût serait plutôt de 480 $ et 495 $. Autrement dit, on aurait économisé plus de 600 000 $. Et ça, c’est juste pour une année », glisse l’agent syndical, qui déplore que la plupart des autres sociétés de transport continuent à faire leurs étriers.

Assurer le service

Le principe est le même pour les transmissions, qui sont « souvent » restaurées à l’externe depuis quelques mois, selon le syndicat. « Refaire une transmission de type modèle 1400, utilisée sur la plupart des véhicules de la STM, ça coûte à l’interne environ 8036 $ incluant les pièces et la main-d’œuvre. Là, ils viennent de donner un contrat de plus de 25 000 $ à une entreprise », illustre M. Robillard.

En deux mois, le syndicat estime le coût excédentaire de remplacement des transmissions à près de 80 000 $. M. Robillard affirme avoir interpellé le conseil d’administration de la STM à plusieurs reprises.

À la STM, on se dit « au fait des demandes du syndicat ». « Des démarches sont en cours sur le terrain. Nous sommes ouverts à continuer les discussions pour travailler à trouver des solutions bénéfiques », affirme son porte-parole, Philippe Déry.

Il souligne que « la majorité du travail d’entretien mécanique s’effectue » encore à l’interne, mais que « nous devons effectuer nos activités à juste coût et nous assurer de livrer un service de transport collectif fiable ». Certains « mandats spécifiques d’entretien mécanique » sont donc « délégués à des fournisseurs spécialisés en tenant compte de la capacité de nos équipes », insiste M. Déry.

Dans le cas du réusinage de certaines pièces, « il est normal que cette opération ait des limites ; un élément aussi névralgique qu’un étrier de frein, par exemple, ne peut être reconditionné continuellement », affirme le porte-parole. « Pour des raisons de sécurité et de fiabilité du service, il devient nécessaire de procéder au remplacement avec du neuf », poursuit-il. « Il est nécessaire de prendre en considération l’ensemble des coûts liés à ces mesures, incluant celui des ressources humaines à l’interne », conclut M. Déry.