(Vienne) En visite dans la Mecque du logement social, Valérie Plante a affirmé que les Montréalais étaient prêts à accepter davantage de densité pour faciliter la création de logements abordables.

La mairesse de Montréal ne reviendra pas de sa tournée européenne avec l’intention de loger 60 % de la population dans des projets financés par l’État, comme c’est le cas dans la capitale autrichienne. Mais elle espère convaincre Québec et Ottawa d’investir davantage pour s’en rapprocher un peu.

« Le contexte est différent, il faut adapter ça à notre réalité. Mais en même temps, je refuse de dire : c’est de même, alors ça reste de même. Je refuse ça, c’est hors de question », a-t-elle dit mercredi après-midi.

L’un des ingrédients de la recette viennoise pour afficher 420 000 logements détenus directement par l’État ou par des sociétés à but non lucratif appuyées par l’État ? Des projets denses, où l’utilisation des terrains est maximisée. En début d’après-midi, Mme Plante a visité le projet Biotope City, nouveau quartier mixte de 1000 logements érigé sur le site d’un ancien centre de distribution de Coca-Cola de sept hectares. Plus dense encore que Griffintown, avec piscines sur les toits et stationnements souterrains à la clé. Une grande barre de 12 étages occupe le centre du terrain.

« La densité, elle est importante, surtout quand on fait des zones orientées vers le transport en commun (TOD). Elle est importante », a dit Mme Plante. « Je ne sens pas que les Montréalais sont allergiques à la densité. Absolument pas. […] Il faut le faire de façon intelligente et en respectant un certain cadre bâti. »

« Un parcours du combattant »

Valérie Plante s’était déplacée à Vienne avec une petite délégation montréalaise : le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) et le promoteur immobilier Prével étaient de la partie. La mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, y était aussi. Objectif : importer des solutions à la crise du logement qui sévit au Québec.

PHOTO FOURNIE PAR LA VILLE DE MONTRÉAL

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, et son guide visitant le projet Biotope City, à Vienne, mercredi

« La crise du logement est telle qu’on ne peut pas se permettre de garder les mêmes stratégies et de rencontrer les mêmes murs », a dit Mme Plante. Elle a souligné que Vienne prélevait un impôt sur le revenu d’environ 0,5 % pour financer l’habitation – la Ville est aussi une « province » (land) de l’État fédéral autrichien.

C’est un parcours du combattant pour faire du logement social et du logement abordable au Québec. C’est difficile. Je souhaite pouvoir voir le gouvernement du Québec et leur dire que l’écosystème du logement à Montréal est mobilisé.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Les centaines de logements barricadés de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) sont « une aberration », a ajouté la mairesse.

Malgré le fossé entre Montréal et Vienne – où le parc de logements sociaux et abordables se bâtit depuis un siècle –, les deux villes ont plus de ressemblances qu’il n’y paraît sur ce plan, a souligné Laurent Levesque, de l’UTILE.

« Le Québec, c’est l’un des endroits dans le monde où l’on est le plus près de l’infrastructure que ça prend pour réaliser le modèle viennois », a-t-il dit. « C’est sûr qu’on n’a pas un parc immobilier de 400 000 ou 500 000 logements hors marchés », mais le réseau des offices municipaux d’habitation et celui des coopératives d’habitation sont déjà en place.

Le directeur général « en amour » avec le tramway

Le directeur général de la Ville de Montréal, Serge Lamontagne, s’est émerveillé de voir un quartier en construction déjà desservi par une ligne de tramway. Un scénario normal à Vienne, où l’on priorise la réalisation des projets collectifs (transports en commun, parcs, écoles, etc.) sur les logements afin que les premiers résidants emménagent dans un quartier déjà complet.

« Moi, je suis en amour avec le tramway », a lancé le directeur général Serge Lamontagne en évoquant sa visite, avant de se tourner vers la réalité montréalaise. « Si on veut développer l’hippodrome, c’est comme ça qu’on va y arriver, avec un projet de transport structurant. » Donc, un tramway à l’hippodrome ? « Un projet structurant », a-t-il répété, sourire aux lèvres.

« Il n’y a pas un plus beau mode de transport que le tramway pour développer l’urbanité, a ajouté Laurence Vincent, de Prével. C’est un bel outil qui malheureusement a été délaissé à travers le temps. »

La possibilité qu’un tramway pénètre l’immense terrain pour relier tous ses habitants à la station de métro Namur avait déjà été évoquée dans une version du projet datant de 2008.