(Vienne) Québec et Ottawa ne trouvent pas très « glamour » d’investir dans les infrastructures existantes du métro, mais l’évènement de lundi doit leur servir de sonnette d’alarme, a fait valoir mardi la mairesse de Montréal en entrevue avec La Presse.

Valérie Plante, qui se trouve en Europe pour la semaine, a appelé les gouvernements supérieurs à s’engager davantage pour éviter que le métro de Montréal suive la voie du métro de New York, en décrépitude.

« Sur le coup, j’ai été très surprise et surtout inquiète », a-t-elle relaté mardi. « On a été préoccupés jusqu’à ce [mardi] matin. On avait une rencontre avec la Société de transport de Montréal (STM) à 5 h justement pour voir les dernières nouvelles et l’état de la situation. La STM a pu garantir la sécurité des utilisateurs et rouvrir le métro à temps pour l’heure de pointe. »

Une fissure dans une voûte de béton révélée par une fuite d’eau avait causé la fermeture d’urgence d’un grand tronçon de la ligne verte, la veille. Après une douzaine d’heures d’expertises et de travaux, la STM a estimé que « l’intégrité de la voûte n’est pas remise en question ».

Une fois résolue, cette crise doit servir de leçon, a affirmé la mairesse de Montréal.

« On ne se réveille pas aujourd’hui en se disant qu’il faut qu’on s’occupe du métro, a-t-elle fait valoir. C’est un message qu’on porte, mais ce n’est pas un message qui a nécessairement beaucoup d’écho au sein des autres [ordres de gouvernement], parce que c’est moins glamour, c’est moins intéressant de s’occuper du maintien d’actifs. Et donc les programmes existants ne sont souvent pas très généreux. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

« Ceci étant dit, on a une belle collaboration avec la ministre [des Transports Geneviève] Guilbault. On sent que l’oreille est ouverte, on sent une ouverture et pour nous, c’est très positif, a ajouté la mairesse. J’ai eu énormément d’échanges sur le maintien des actifs, sur le transport collectif, pour mettre la ministre à niveau, ce qui est tout à fait normal quand on prend un nouveau portfolio. »

New York, contre-exemple

En février, la STM plaidait auprès du gouvernement du Québec – alors qu’il préparait son budget – en faveur d’une augmentation des investissements pour le maintien des actifs des transports en commun.

« La réduction des sommes prévues pour le maintien d’actifs au Plan québécois des infrastructures (de 3,8 G$ en 2018 à 2,6 G $ en 2022) est source de préoccupation alors que les besoins restent immenses », indiquait l’organisation dans une lettre au ministre des Finances. « Des projets importants de maintien d’actifs de la STM doivent actuellement être reportés, faute de disponibilité des crédits nécessaires. »

Le gouvernement du Québec ne doit pas être le seul à s’acquitter de cette tâche, a ajouté Valérie Plante.

« Le fédéral aussi doit adapter ses programmes, qui ne sont pas assez généreux : ils refusent presque systématiquement de faire du financement de maintien d’actifs, et ça, c’est un problème. Toronto vit le même problème. Quand je parlais avec le maire [John] Tory, il disait la même affaire, Vancouver, c’est la même affaire », a-t-elle affirmé.

Il ne faut absolument pas minimiser les efforts financiers pour que le réseau existant soit sécuritaire, performant. Le contre-exemple, c’est entre autres le métro de New York, qui a manqué d’investissement et on voit les résultats que ça donne.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Centre-ville : Plante pourrait s’inspirer de Londres

Valérie Plante se trouvait mardi soir à Vienne, deuxième étape d’une courte tournée européenne d’une semaine.

Elle s’est arrêtée à Londres lundi, où elle a rencontré le maire Sadiq Khan, ainsi que d’autres élus municipaux engagés contre les changements climatiques, en plus d’accorder une entrevue à The Economist.

Mme Plante a profité de sa présence dans la capitale britannique pour y constater de visu le fonctionnement de sa zone « à très faibles émissions », qui a réduit considérablement la présence des véhicules au centre-ville. Montréal a promis d’instaurer une zone semblable d’ici 2030.

« C’est sûr que de discuter et de voir la zone à très faibles émissions dans le centre-ville de Londres, ça nous a beaucoup aiguillés sur certaines choses à évaluer, parce que c’est un projet qu’on veut, a-t-elle dit. Il faut vraiment prendre le temps de bien évaluer certains éléments, travailler avec les partenaires. Toute la question de l’électrification des moyens de transport, les bornes de recharge, tout ça doit être à point pour que ça fonctionne. »

Mme Plante dit avoir été particulièrement inspirée par la méthode londonienne : commencer avec une petite zone en plein cœur de la ville, puis l’agrandir graduellement. « C’est intéressant de voir une stratégie progressive », a-t-elle dit.

Mercredi, Valérie Plante doit rencontrer le maire de Vienne et visitera un projet de logements abordables avec des représentants québécois du monde de l’habitation.