Un nouveau quartier d’« au moins » 7600 logements pourrait voir le jour juste au sud du centre-ville de Montréal si – et seulement si – CDPQ Infra accepte d’ajouter une station au REM de l’Ouest.

C’est la position de l’administration Plante, qui doit approuver ce mercredi matin le Plan directeur du secteur Bridge-Bonaventure et l’envoyer au conseil municipal. La Presse a pu se procurer le document.

La Ville entrevoit la construction de nouveaux immeubles d’habitation autour d’Habitat 67, du Silo #5 et du bassin Peel, en plus de réserver un espace pour une école et une nouvelle promenade au bord de l’eau, à l’emplacement actuel de l’autoroute Bonaventure. Dans ce dernier dossier, Ottawa a d’ailleurs annoncé dans son budget de mardi des investissements de 273 millions sur neuf ans pour réaménager l’autoroute en fin de vie – dont la majeure partie lui appartient – quelques dizaines de mètres plus loin du fleuve.

Cette artère sera toutefois insuffisante pour assurer la mobilité des nouveaux résidants de ce quartier actuellement enclavé, selon Robert Beaudry, l’élu chargé de l’urbanisme au sein de l’administration Plante.

IMAGE VILLE DE MONTRÉAL, OBTENUE PAR LA PRESSE

La Pointe-du-Moulin et son Silo #5 à partir de la rive du bassin Peel

L’ajout d’une station du Réseau express métropolitain (REM) est une « condition sine qua non » du développement de ce secteur, a-t-il dit en entrevue téléphonique. Cette station ne doit pas remplacer la station Griffintown–Bernard-Landry, dont le chantier n’a pas encore débuté, a précisé M. Beaudry. Le document inclut une carte qui montre un emplacement potentiel à proximité immédiate de l’actuel Costco Bridge.

« Ajouter un maximum de logements »

L’administration Plante met de l’avant un quartier qui conserverait sa vocation économique – notamment en raison de la présence importante du port de Montréal et du CN – tout en accueillant des milliers de ménages.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Robert Beaudry, chargé de l’urbanisme au sein de l’administration Plante

Montréal veut « ajouter un maximum de logements, mais en [s’]assurant d’avoir des conditions de succès pour la création d’un milieu complet, incluant des activités économiques, un milieu de vie, des espaces verts, etc. », a expliqué Robert Beaudry. « L’intégration harmonieuse de milliers de logements contribuera au dynamisme du secteur tout en répondant aux besoins en matière d’habitation et de bonification des services à la population », a ajouté par écrit son collègue Benoit Dorais.

Les terrains concernés par le plan appartiennent à de nombreux propriétaires, dont des promoteurs immobiliers.

Le document établit des principes de base pour éviter les problèmes de compatibilité entre industries et résidences : ne pas construire de logements à proximité immédiate des voies ferrées, décourager l’entreposage en vrac à l’extérieur et prévoir des zones tampons végétalisées.

Même s’il s’agira aussi d’un quartier dense à proximité du centre-ville, M. Beaudry rejette la comparaison avec Griffintown.

Il aura sa propre forme urbaine. Contrairement à Griffintown, on va s’être assurés d’avoir planifié en amont les accès, les services, les espaces verts pour la population. Notre objectif, c’est d’avoir une mixité en termes de logement.

Robert Beaudry, chargé de l’urbanisme au sein de l’administration Plante

Concrètement, les nouveaux immeubles d’habitation seraient majoritairement situés dans l’actuel secteur industriel à proximité du bassin Peel, autour de la rue Bridge. D’autres s’ajouteraient sur la langue de terre qui accueille Habitat 67 (la Cité-du-Havre) et sur celle qui accueille le Silo #5 (la Pointe-du-Moulin). Le quai Bickerdike, exploité par le Port de Montréal, n’est pas touché.

« Sur le long terme »

L’administration Plante voudrait faire du quartier un exemple sur le plan du développement durable. Elle souhaite y développer « environ 12 km de voies cyclables additionnelles » et sept nouveaux liens piétonniers pour franchir des obstacles actuellement problématiques – comme une voie ferrée ou l’autoroute Bonaventure.

IMAGE VILLE DE MONTRÉAL, OBTENUE PAR LA PRESSE

Le bassin Wellington vu à partir du REM

Elle souhaiterait aussi que l’ensemble du quartier soit chauffé et climatisé par un seul « réseau thermique urbain ». « Ce type de réseau peut servir à récupérer la chaleur rejetée par une activité commerciale, industrielle ou technologique (centre de données), par une infrastructure (égouts) ou exploiter directement des sources renouvelables (hydrothermie) », indique le plan directeur.

Dans le « quadrilatère délimité par les rues Bridge et Mill, le bassin Peel et le [rail du] REM », l’administration Plante entrevoit une « zone à priorité piétonne », avec relativement peu de stationnements privés et des rues fermées aux voitures.

Quant à l’échéancier de réalisation du projet, il n’est pas encore défini avec précision.

« Dès 2024, on pourrait commencer à faire des interventions pour préparer le terrain, illustre Robert Beaudry. Par la suite, bien évidemment, c’est en fonction de la réalité du marché, quand les développeurs immobiliers sont prêts, mais aussi quand les aménagements seront faits. »

« C’est un secteur qui va se développer sur le long terme. C’est un grand secteur », a-t-il ajouté.