Les avis de retard seront-ils moins fréquents dans le métro de Montréal ? Québec souhaite que oui : 565 millions seront investis pour implanter un nouveau système améliorant la fluidité et la fréquence du service de la Société de transport de Montréal (STM). Le projet sera d’abord en place dès 2028 sur la ligne bleue, un an avant la livraison prévue du prolongement jusqu’à Anjou.

Ce nouveau « système de contrôle des trains » devrait en théorie permettre de gérer de façon plus « harmonieuse » l’espacement entre les trains, le contrôle de la vitesse et les changements de voies, estime le gouvernement Legault. Ce dernier vise ainsi à augmenter « la fiabilité des trains, leur fréquence et le confort lors des départs et des arrêts ».

Le système en question sera d’abord en place d’ici cinq ans sur la ligne bleue. Mais d’ici 2029, il sera étendu sur le reste du prolongement, ce qui impliquera forcément des coûts « considérables » supplémentaires qui n’ont pas encore été identifiés. « C’est l’expérience de la ligne bleue qui va nous aider à définir le reste [du réseau] par la suite », a précisé le président de la STM, Éric Alan Caldwell.

L’appel d’offres pour concevoir ce nouveau système a « officiellement » été lancé ce lundi. On sait toutefois d’emblée que celui-ci sera basé sur une technologie plus performante de type CBTC (Communications-based Train Control), utilisée à travers le monde. Essentiellement, ce type de système permet de communiquer « en temps réel » des données d’occupation plus précises et plus larges que le système actuel, ce qui facilite les mouvements de train et augmente les fréquences.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Valérie Plante et Geneviève Guilbault

À ce jour, le montage financier du projet n’est pas encore complété : 296,6 millions proviendront de Québec et 65,6 millions de la STM. Pour le reste, « une demande de financement sera soumise au gouvernement fédéral », affirme le cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. En octobre, La Presse avait révélé que Québec risque de laisser filer des milliards de dollars en financement fédéral s’il ne soumet pas rapidement des projets d’infrastructure à Ottawa.

L’ancien système de contrôle « était encore bon, mais disons que ça faisait à peu près 50 ans qu’il avait été installé », a précisé la ministre Guilbault. « On va avoir des meilleurs mouvements du train. Des fois, il y a des arrêts brusques proche des stations. Ce nouveau système sera capable d’anticiper les choses, donc les mouvements vont se faire de plus en plus fluides. Il va y avoir moins d’arrêts de trains en cas de bris d’équipements, également », a-t-elle illustré.

Bon pour les difficultés financières ?

La mairesse Valérie Plante estime que ce nouveau système de contrôle fera entrer le réseau de métro de la STM « dans la modernité », mais surtout qu’il sera essentiel pour « assurer la survie des sociétés de transport » comme la STM, qui composent avec des difficultés financières importantes et une baisse de leur achalandage liée à la pandémie. « Bien que l’aide d’urgence liée à la COVID est essentielle, il faut aller plus loin », a-t-elle dit, en appelant à une réflexion globale pour trouver des nouvelles sources de financement.

On est tous d’accord que le modèle de financement ne tient plus la route, entre autres avec la taxe sur l’essence qui va toujours diminuer. Il y a plusieurs défis, dont la baisse du nombre d’usagers […], l’inflation plus élevée et l’augmentation des coûts de construction.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

« Ce projet permettra d’assurer la viabilité technologique du réseau du métro pour les décennies à venir », a quant à elle évoqué la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard.

À ce jour, le manque à gagner causé par la pandémie dans les finances des sociétés de transport en commun risque d’atteindre les 900 millions d’ici cinq ans, selon l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ). Seulement à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), le manque est de 500 millions et à la STM, près de 80 millions. La ministre Guilbault avait d’ailleurs reconnu dans la foulée qu’à long terme, une refonte du financement serait nécessaire.

En décembre, la STM avait officiellement annoncé que le creusage du titanesque tunnel du prolongement de la ligne bleue ferait l’objet d’un appel d’offres. Le tunnel s’étalera sur 6,2 kilomètres, de l’actuelle station Saint-Michel jusqu’aux Galeries d’Anjou, et même au-delà. La ministre Guilbault a réitéré lundi que le prolongement verra le jour dans les temps annoncés, malgré le « scepticisme » de plusieurs.

Un budget oscillant entre 5,8 et 6,4 milliards sera finalement consacré au prolongement de la ligne bleue, qui fait l’objet d’engagements gouvernementaux depuis plus de 30 ans. En mars, en bouclant le budget et l’échéancier final, Montréal et Québec avaient juré que cette fois serait la bonne, alors que des économies d’environ 1,1 milliard ont été dégagées. En 2029, le prolongement aura cinq stations sur six kilomètres. Aller de la station Jean-Talon à la station Anjou prendra donc 15 minutes.

En savoir plus
  • De 4,5 milliards à 6,4 milliards
    En juin 2019, Québec avait approuvé un budget de 4,5 milliards pour le prolongement de la ligne bleue. Une annonce officielle avait même eu lieu en juillet 2019, avec le premier ministre Justin Trudeau. Mais la facture n’avait cessé de gonfler depuis, en raison du coût des expropriations.
    gouvernement du québec
    25 000 usagers
    Au total, plus de 25 000 usagers utiliseront le nouveau tronçon de la ligne bleue en heure de pointe et 5300 automobilistes seront ainsi retirés de la route, selon les estimations des autorités.
    stm