Le REM de l’Est ne sera pas en aérien dans Mercier-Est, mais il le sera dans l’axe de la rue Sherbrooke, a confirmé lundi la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, au moment où un premier rapport préliminaire sur le projet revu doit être rendu public cette semaine.

« Vous verrez qu’on a officiellement abandonné la portion aérienne pour la portion plus délicate dans Mercier-Est, donc ça, c’est une bonne nouvelle pour les citoyens », a lancé Mme Guilbault lundi, en marge d’une conférence de presse annonçant un nouveau système de contrôle des trains sur la ligne bleue.

La ministre affirme qu’il restera néanmoins de l’aérien « dans l’axe Sherbrooke ». « Il reste essentiellement trois segments : l’axe Lacordaire, l’axe L’Assomption qui est autour de Mercier-Est, et l’axe Sherbrooke. Il resterait de l’aérien dans le troisième axe : Sherbrooke, vers Pointe-aux-Trembles », a-t-elle expliqué.

Dans la « portion centrale », a-t-elle toutefois répété, « l’aérien va être exclu ». « Et dans l’autre axe vers Marie-Victorin, c’est déjà souterrain », a-t-elle persisté. Selon nos informations, la portion centrale de Mercier-Est pourrait être enfouie, mais cette option n’est pas encore assurée à 100 %.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Geneviève Guilbault

Mme Guilbault a du même coup rappelé qu’un premier « rapport préliminaire du comité » piloté par Québec, Montréal, le ministère des Transports (MTQ) et l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) sera « rendu public d’ici la fin de la semaine ». « Je rappelle que c’est un rapport préliminaire. Un rapport final est attendu en juin », a-t-elle dit.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on affirme que cela « démontre que le groupe de travail, auquel participe Montréal avec ses partenaires, améliore le projet en demeurant sensible aux besoins de la population ». « Ce sont les citoyens de l’Est qui en ressortent gagnants, car ils pourront bénéficier d’une solution qui ne laissera pas de cicatrice dans leurs milieux », dit l’attachée de presse, Catherine Cadotte.

Dans l’opposition officielle de Montréal, on salue aussi « l’écoute du groupe de travail du projet de REM de l’Est 2,0 qui a entendu les citoyens de Mercier-Est ». « Ces derniers ont enfin l’assurance que l’insertion ne sera pas aérienne dans le secteur. Nous attendons avec impatience la publication du rapport intermédiaire », affirme le conseiller Julien Hénault-Ratelle.

À ce jour, le segment faisant le lien avec le centre-ville demeure exclu du projet, comme cela avait déjà été annoncé. Entièrement automatisé, le REM de l’Est fait l’objet de vifs débats depuis que CDPQ Infra s’est retiré du projet, plusieurs citoyens et experts s’opposant au mode aérien qui créerait selon eux une « fracture urbaine » dans les milieux de vie.

Une manifestation en vue

Tout cela survient d’ailleurs alors qu’une manifestation du Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) et de l’organisme Mobilisation 6600 est prévue lundi soir, en marge du conseil municipal montréalais, afin de demander aux élus municipaux de « rejeter tout train aérien dans les quartiers urbains et de donner le mandat, le temps et les moyens à l’ARTM de faire les études des besoins préalables à toute décision quant au mode de transport choisi ».

« L’entrevue de fin d’année de la mairesse Plante laisse supposer que l’option qui sera choisie s’inspirera directement de celle du REM de l’Est de CDPQ Infra, soit un train aérien. Ceci est inquiétant et complètement inacceptable », a martelé Daniel Chartier, vice-président du CEM-E.

Il fait ainsi référence à une entrevue donnée par Mme Plante à Marc-André Carignan, sur les ondes de Radio-Canada, à la fin du mois de décembre. « Il va y avoir des propositions, mais de prime abord, on garde une partie de la structure aérienne, parce qu’il faut savoir qu’on garde quand même le modèle REM. Mais le gros changement, c’est qu’il n’arrive pas dans le centre-ville. Et moi, je rêve qu’il y ait encore un lien qui se rende au centre-ville. Mais évidemment, ça devra être un modèle qui respecte la densité », avait dit la mairesse.

Le REM original est quant à lui toujours en construction. Ce réseau automatisé de 67 kilomètres connectera le centre-ville à la Rive-Sud, à l’aéroport Montréal-Trudeau, de même qu’à l’ouest de l’île et à Deux-Montagnes. La première antenne du projet, celle de la Rive-Sud, a récemment été reportée et doit être inaugurée d’ici ce printemps.

Il y aura bientôt un an, le premier ministre François Legault promettait une deuxième phase sur la Rive-Sud, « un très beau prolongement » du REM entre Brossard et Boucherville. Il laissait entrevoir une annonce rapide. Or les études sont toujours en cours à CDPQ Infra, échaudée par la controverse entourant le REM de l’Est. On veut s’assurer de l’acceptabilité sociale du projet. L’intégration urbaine du REM dans l’axe du boulevard Taschereau et le Vieux-Longueuil est un enjeu majeur.

Des prolongements sont par ailleurs toujours à l’étude vers Laval et Lanaudière, en vue de créer un vaste réseau métropolitain intégré.