L’adoption du budget 2023 de la Ville de Montréal a été brièvement perturbée, jeudi, par une vingtaine de manifestants dénonçant l’augmentation du financement accordé à la police.

Les participants étaient des membres de la Coalition pour le définancement de la police. L’un d’entre eux, le professeur Ted Rutland de l’Université Concordia, a pu poser une question à ce sujet à l’ouverture de l’assemblée du conseil municipal, déplorant le fait que Montréal ait haussé le budget de son service de police plus que toutes les autres grandes villes canadiennes.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Ted Rutland, professeur à l’Université Concordia

Dans le budget 2023 de la Ville, le financement de la police est en croissance de 63 millions, soit un peu plus de 8 %, pour atteindre 787,1 millions. C’est la dépense municipale la plus importante.

Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Alain Vaillancourt, a répondu que les sommes consacrées à la prévention avaient aussi été bonifiées, notamment pour des activités ciblant les jeunes, et qu’une bonne partie du budget supplémentaire consacré à la police venait du gouvernement du Québec, dans le but de combattre la violence armée, en recrudescence ces dernières années.

Il a alors été interrompu par les militants criant des slogans pour montrer leur opposition, qui ont été rapidement escortés hors de la salle du conseil par des agents de sécurité et par des policiers appelés sur les lieux.

Le budget adopté tel quel

« On voulait montrer que l’argent gaspillé pour la police pourrait être utilisé pour d’autres priorités comme le logement social, l’itinérance, des activités après l’école ou des groupes qui travaillent à la réduction des méfaits », a expliqué Ted Rutland après la manifestation, en ajoutant que plusieurs études démontrent que les interventions communautaires sont beaucoup plus efficaces pour réduire la violence que la répression policière.

Le budget municipal a néanmoins été adopté tel qu'il avait été présenté par l’administration Plante-OIlivier : il prévoit des dépenses de 6,76 milliards, en hausse de 300 millions, ainsi que des augmentations de taxes moyennes de 4,1 % pour le secteur résidentiel et de 2,9 % pour les propriétés non résidentielles.

Les conseillers de l’opposition ont voté contre le budget. Ils ont tenté de faire adopter des amendements pour réduire la hausse des taxes, en réduisant les dépenses municipales de 35,5 millions. Ensemble Montréal a aussi proposé de consacrer 3 millions de plus à la lutte contre l’itinérance et 1 million de plus au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour bonifier les conditions d’emploi des recrues, afin d’attirer plus de candidats.

Ces amendements ont cependant été rejetés par la majorité des conseillers membres de Projet Montréal.

L’opposition a aussi dénoncé le fait que l’administration n’avait pas agi pour permettre le report de la hausse de taxes pour les personnes âgées, dont le revenu n’est pas indexé avec l’inflation, comme promis lors de la dernière campagne électorale.

La présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, a assuré que l’administration avait l’intention de tenir sa promesse, mais qu’elle devait d’abord obtenir une modification législative de la part de Québec.