Après des années à surfer sur une économie vigoureuse ou des transferts pandémiques, le jeu se complique pour l’administration Plante à l’approche de son budget de mardi.

Montréal, touché de plein fouet par l’inflation galopante et le ralentissement du marché immobilier, a déjà averti que ses taxes foncières augmenteraient de 3 % à 6 % pour l’année 2023.

« On est frappés de plein fouet par la hausse des coûts de construction, par la hausse des coûts de l’essence pour le déneigement. C’est sûr que ça nous pose des problèmes », avait affirmé la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, début novembre.

Ajustements budgétaires

Quelques jours plus tôt, en entrevue avec La Presse, la mairesse elle-même lançait un avertissement. Elle a dit vouloir « trouver une façon de respecter la capacité de payer des Montréalais — avec l’inflation et le nouveau rôle foncier —, mais aussi s’assurer que la Ville est capable d’assurer les services aux citoyens ». « Moi, je ne veux pas augmenter les taxes des citoyens, ce n’est pas ça mon but dans la vie », a-t-elle ajouté.

Depuis, les indices convergent. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a eu besoin d’un chèque supplémentaire de 2,6 millions pour pouvoir boucler l’année (il aurait autrement manqué d’argent pour le matériel de bureau des enquêteurs). Les élus y ont donné leur feu vert la semaine dernière.

La Société de transport de Montréal (STM), pour sa part, réfléchirait à une baisse de service. Les « faits saillants » d’un document officiel obtenu par Radio-Canada incluent une « réduction de l’offre de service de 3,7 % [pour les] bus et de 4,8 % [pour le] métro » par rapport à 2022. La société y évoque aussi la nécessité de préparer « un budget responsable dans un contexte économique difficile ». La STM — dont la fréquentation est encore en berne — présente lundi ses prévisions budgétaires.

Inflation et pénurie de main-d’œuvre

Surtout, des données comptables récemment rendues publiques par l’administration Plante montrent que la situation financière est déjà compliquée pour l’année en cours.

À la séance du conseil municipal de la semaine dernière, le maire de Saint-Laurent (et comptable) Alan DeSousa a relevé qu’un surplus prévu de plus de 100 millions pour les dépenses d’agglomération s’était subitement transformé en déficit de 80 millions. La faute aux dépenses en sécurité publique et liées aux mesures d’urgence.

« Il y a une vraie pression inflationniste sur les coûts de fonctionnement. La pénurie de main-d’œuvre nous attaque et ça attaque à la fois l’agglomération et [les dépenses] du conseil municipal », s’est défendu Dominique Ollivier en conseil municipal. « Nous gardons les yeux vers le point où on s’en va et vous verrez la semaine prochaine [au budget] on en est où. »

PHOTO DENIS GERMIN, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Ollivier, présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal

M. DeSousa a affirmé qu’il « s’attendait à mieux » de la part de Mme Ollivier. « Pourquoi l’administration n’a pas eu la transparence de dire ça clair et net ? », a-t-il déploré.

« Pour moi, c’est assez majeur, a-t-il ajouté en entrevue téléphonique. On a un écart majeur. […] Ça illustre l’ampleur du défi. »