Frappée par deux drames familiaux cet automne, la Ville de Laval compte injecter 3 millions supplémentaires dans les organismes de prévention sociale de son territoire, a appris La Presse.

L’investissement sera annoncé en décembre, dans le cadre du dévoilement et de l’adoption du budget municipal.

« Ce sont des tragédies humaines. Il y avait de la détresse dans tout ça », a affirmé le maire Stéphane Boyer, en marge d’une entrevue téléphonique.

L’élu faisait référence à la mort des enfants de 11 et 13 ans d’un homme accusé de meurtre en octobre dans le quartier Sainte-Dorothée, ainsi qu’à la noyade d’un nouveau-né lorsque sa mère a volontairement immergé sa voiture dans la rivière des Mille Îles. Ces drames ont ébranlé la population lavalloise.

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Le maire Boyer veut « créer une nouvelle enveloppe de 3 millions pour aider les organismes en développement social ». Le financement serait récurrent.

« Traditionnellement, les villes aident les organismes en loisir et c’est Québec qui aide les organismes en développement social (tout ce qui est prévention de la violence conjugale, du suicide, enjeux de santé mentale, décrochage scolaire) », a-t-il expliqué. « Mais nous, on souhaite aller plus loin, on souhaite contribuer. »

Investir en amont

En 2022, le budget de Laval s’élevait à 970 millions.

Est-ce bien le travail d’une ville de financer ce créneau du milieu communautaire, souvent déjà financé par le ministère de la Santé et des Services sociaux ? « C’est bien mieux d’investir dans ces organismes-là en amont plutôt que d’attendre qu’il soit trop tard et que ça devienne des investissements dans le service de police », a répondu le maire Boyer, élu depuis un an.

Laval est aussi aux prises avec un problème grandissant d’insécurité, avec des échanges de coups de feu assez fréquents dans les derniers mois. Le 11 novembre dernier, une fusillade a éclaté dans un parc à proximité du collège Montmorency, faisant quatre blessés. La réplique policière face au phénomène « commence à porter ses fruits », assure Laval.

Selon le maire Boyer, un investissement dans le milieu communautaire pourrait aussi contribuer à solutionner le problème de violence armée. « Ce qu’on voit, c’est que ce sont beaucoup des jeunes entre 16 et 25 ans [qui sont impliqués]. Je me dis : si on est capables de leur donner un milieu où ils vont pouvoir s’impliquer, se développer comme individus, créer un sentiment d’appartenance, c’est le genre de chose qui peut les aider à ne pas décrocher ou à ne pas aller vers un gang de rue », a-t-il dit. « C’est difficile à mesurer, mais je crois que l’impact est réel et il est là. »