Une parente éloignée a assisté à une fête familiale quelques jours avant la tragédie

« Pourquoi ? » Depuis que les petits Aaron, 11 ans, et Angel, 13 ans, ont été retrouvés morts dans leur maison de Laval, c’est la question que se posent sans arrêt les proches de la famille Arora. « Pourquoi a-t-il fait ça ? »

« Je n’ai jamais vu Kamal se montrer impatient. Jamais. Il aimait tellement ses enfants », raconte Pooja*, une parente éloignée des Arora qui les voyait régulièrement depuis leur arrivée au Canada.

Kamal, c’est le diminutif de Kamaljit Arora. Ce père de famille est accusé du meurtre prémédité de ses deux plus jeunes enfants. Le garçon et la jeune adolescente auraient été intoxiqués, puis noyés dans une baignoire. L’homme de 45 ans est également accusé de voies de fait, puisqu’il aurait tenté d’étrangler sa femme, la mère de ses enfants. Toute la semaine, son état de santé ne lui a pas permis de rencontrer un avocat et de comparaître au palais de justice de Laval.

PHOTO DENIS GERMAIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Policiers dépêchés lundi soir dans une maison de la rue Lauzon, à Laval, où s’est produit le drame

« Je n’arrive pas à y croire. On n’a tous aucune idée de ce qui a pu se passer », souffle Pooja, qui souhaite vivre son deuil dans l’anonymat.

Une semaine avant le double meurtre, le couple Arora avait invité plus d’une trentaine de personnes dans sa maison de Sainte-Dorothée afin de célébrer le 11anniversaire d’Aaron, son fils cadet. « Ils ont fait un party à la maison et on était là. Il [Kamal] avait l’air normal cette journée-là. Tout le monde riait. Tout le monde profitait de la fête », raconte Pooja, au bout du fil.

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Aaron avait célébré son 11anniversaire au début du mois.

La femme connaît la famille Arora depuis son arrivée au Canada en 2015. Le couple et ses trois enfants ont quitté l’Inde pour immigrer chez un cousin à Laval. Le couple a ensuite loué son propre appartement. Pendant un mois, la famille a vécu à Winnipeg, mais elle est revenue à Laval. Elle était propriétaire de la maison de la rue Lauzon depuis à peine trois mois, raconte la femme au téléphone.

La mère occupait un emploi dans une entreprise d’uniformes spécialisés, à Laval, depuis à peine un mois. Elle effectuait la finition des vêtements. Il a été impossible de savoir si le père occupait un emploi. Il a étudié les sciences du commerce dans un collège indien, selon son profil Facebook, qu’il n’a pas mis à jour depuis son arrivée au Canada.

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Le couple Arora quelques mois après son arrivée au Canada

Quelques photos de ses trois enfants figurent sur sa page alors qu’ils étaient plus jeunes : à leur naissance, à l’école, dans une piscine gonflable, tout sourire. Contrairement à ce que les médias ont rapporté, la fillette qui est morte s’appelle Angel et non Anzel, une information confirmée par le Service de police de la Ville de Laval, vendredi soir. Un petit ange parti au ciel.

« Elle pleure. Elle pleure. »

Pooja voyait surtout les Arora lors des grandes réunions familiales. En raison de la COVID-19, leurs rencontres se sont espacées, mais elle s’était rapprochée de la mère d’Aaron et d’Angel dans le dernier mois. Jamais elle n’a été témoin d’une querelle entre Kamaljit et sa femme.

« Ils venaient toujours dans les partys en famille et je n’ai jamais rien remarqué de bizarre », note Pooja. « En fait, Kamal, il était toujours attentionné, il aidait tout le monde dans la maison », ajoute-t-elle, en anglais.

Le lendemain des meurtres, Pooja a parlé à la mère des petites victimes. « Elle pleure beaucoup. Elle ne comprend pas, elle non plus, ce qui est arrivé. Elle est tellement triste. Elle pleure. Elle pleure », dit Pooja en tentant de retenir ses propres sanglots.

Elle confirme que Kamaljit Arora a souffert d’une dépression majeure en 2021, comme l’ont rapporté certains médias, mais elle était convaincue que le père de famille se portait mieux grâce aux traitements.

Il y a deux ans, il était malade. Il avait une dépression. J’imagine que c’est sa dépression qui est revenue.

Pooja (prénom fictif), à propos de Kamaljit Arora

Le père de Kamaljit Arora a pris un vol de l’Inde vers Montréal, mercredi, afin d’épauler la famille en deuil. Les funérailles des deux enfants de 11 et 13 ans devraient avoir lieu dimanche.

L’adolescente a sauvé sa mère

Namita a quant à elle appris le triste sort d’Aaron et d’Angel, mardi, par une tante qui vit au Canada. « C’est tellement choquant », écrit-elle dans un échange avec La Presse.

Namita, qui habite en Inde, était proche de la mère des deux enfants avant que celle-ci immigre au Canada avec sa famille. Le couple était marié depuis 18 ou 19 ans, selon elle. Il a eu trois enfants en Inde. L’aînée a aujourd’hui 18 ans. C’est elle qui a sauvé sa mère des griffes de son père, lundi soir. C’est elle qui s’est rendue chez une voisine pour appeler les secours.

La famille Arora a immigré il y a sept ans, poursuit Namita. « Après leur déménagement, on se faisait des « allôs » à l’occasion sur Messenger […], mais on n’était plus assez proches pour que je sache comment allait son mariage. Ça me trouble beaucoup », dit-elle.

* Prénom fictif