Premier essai, premier refus. Le propriétaire de l’ancien club de golf Le Boisé, à Terrebonne, décline l’offre d’achat de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui lui proposait 11 millions pour pouvoir convertir les lieux en parc naturel. Selon l’entreprise, les autorités tentent ainsi d’acquérir le terrain « au rabais », celui-ci ayant été évalué à plus de 29 millions par une firme immobilière.

« Nous sommes prêts à accepter une promesse d’achat de la CMM et de la Ville de Terrebonne, tant que celle-ci représente la juste valeur marchande pour fins de parc. Nous proposons que les parties soumettent le prix d’achat à un processus d’arbitrage, ce qui assurera une solution juste pour tous », affirme Éric Vandal, propriétaire des Immeubles des Moulins inc., qui détient le site de l’ancien Golf Le Boisé.

Dans une missive envoyée lundi, son groupe réitère avoir une promesse de vente d’une valeur de 29,3 millions, basée sur un rapport d’évaluation professionnel produit par la firme GDA « ainsi que sur les valeurs payées récemment pour des terrains similaires par la Ville de Boucherville, la Ville de Montréal et la Ville de Terrebonne elle-même ».

La CMM avait annoncé il y a une dizaine de jours avoir déposé une première offre d’achat de 11 millions de dollars à l’ancien club de golf. Pour l’heure, neuf anciens clubs de Belœil, de Candiac, de Chambly, de Mascouche, de Rosemère, de Terrebonne, de Boucherville, de Dorval et de Sainte-Rose sont protégés par un règlement de contrôle de l’organisme, qui souhaite les transformer en espaces verts. Leur superficie totale correspond à 474 hectares, soit deux fois et demie la taille du parc du Mont-Royal.

À Terrebonne, l’ex-club de golf Le Boisé fait l’objet de discussions depuis plusieurs années, la Ville ayant clairement fait part de son intention d’acheter le terrain pour en faire un parc naturel.

Une moitié gratuitement ?

Le propriétaire affirme avoir offert à la Ville de Terrebonne « d’obtenir gratuitement la moitié du site, soit l’équivalent de la taille du parc La Fontaine à Montréal, en contrepartie d’un changement de zonage sur le reste du terrain afin de permettre son développement résidentiel ».

Une telle avenue permettrait « la fois de préserver un espace vert, de répondre aux besoins criants de logements et de conserver des fonds publics pour protéger des milieux d’une plus grande valeur écologique ou pour aménager le parc », soutient encore l’entreprise. « Dans un contexte où les villes ont de la difficulté à boucler leur budget, ceci apparaît comme la solution gagnante à tous les niveaux. »

« Notre client est bienveillant dans sa démarche, et laisse des dizaines de millions sur la table en acceptant de vendre en fonction de la valeur d’un parc. Nous croyons que la CMM et la Ville ont beaucoup à gagner en travaillant en plus étroite collaboration avec le vendeur », insiste à ce sujet le courtier immobilier Simon Boyer, président et directeur général de l’agence immobilière Landerz, qui représente M. Vandal.

On veut passer à autre chose et vendre le terrain. Mais en ce moment, c’est un peu comme si on vendait notre maison évaluée à 5 millions avec un seul acheteur qui nous offre 200 000 $ ou rien.

Simon Boyer, courtier immobilier

Ce dernier donne à son tour dix jours à la CMM pour répondre. Sans entente, l’entreprise promet de hausser le ton : « la seule issue qu’offre la Ville de Terrebonne au propriétaire, qui bloque tout usage ou vente du terrain depuis maintenant 7 ans, est le dépôt d’un recours en expropriation déguisée dont la valeur est estimée à plus de 140 millions ». « S’il n’y a pas d’entente d’ici la fin de l’année, le propriétaire n’aura d’autre choix que de déposer le recours en début d’année 2023 », insiste-t-on.

La CMM « déçue »

Jointe par La Presse, la porte-parole de la CMM, Julie Brunet, confirme que son groupe compte maintenant se « prévaloir de la réserve foncière pour fins publiques » que le conseil d’administration a entérinée le 10 novembre dernier. En vertu de la loi, cela permettrait grosso modo à la CMM de geler certains acquis sur le terrain, voire la totalité de ce dernier.

« Bien entendu, nous sommes déçus de ce refus. Ce terrain est composé à 60 % de milieux naturels et n’a jamais servi à autre chose qu’un golf, qui est inactif depuis 6 ans. La Ville de Terrebonne souhaite maintenir ce zonage, c’est donc dire qu’aucun autre usage ne pourra être fait. Dans ce contexte, nous estimons avoir présenté une bonne offre », maintient toutefois Mme Brunet.

Ce n’est pas la première fois que le sort de l’ex-terrain de golf de Terrebonne fait l’objet de litiges. Par le passé, Les Immeubles des Moulins inc. a déjà refusé de vendre son terrain. Le débat sur la hausse de l’évaluation foncière de l’ancien golf – et donc, de son paiement de taxes – s’est aussi rendu en cour.