Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) reconnaît qu’il devra « s’améliorer » dans la dénonciation des crimes haineux, en offrant plus d’outils aux victimes qui veulent porter plainte. Malgré une hausse des dénonciations l’an dernier, encore très peu de ces crimes sont signalés aux autorités.

« C’est un peu le nerf de la guerre en général, de faire savoir aux personnes que les incidents haineux sont enquêtés. De savoir que les crimes haineux, c’est quelque chose qui peut être dénoncé, c’est déjà en soi un élément très complexe », a expliqué mardi l’agent Marc Bellerose, du Module des incidents et crimes haineux (MICH), durant une séance de la Commission de la sécurité publique de la Ville.

À la fin du mois d’octobre, l’opposition officielle montréalaise avait déploré que seule une infime proportion des crimes et incidents est dénoncée au corps policier, déplorant au passage que les incidents de haine en ligne ne sont pas compilés par le SPVM.

« L’isolement social et la forte influence des réseaux sociaux ont favorisé la multiplication des actes à caractère haineux, entre autres envers les communautés culturelles. Parallèlement, le système judiciaire et l’intervention policière ne se sont pas adaptés à cette réalité. Il y a beaucoup de freins structurels. Il faut se donner des outils », avait alors martelé le conseiller municipal Sonny Moroz.

Une idée des signalements reçus

Jusqu’ici en 2022, la police de Montréal affirme avoir reçu un peu plus de 200 signalements liés à des crimes haineux, et moins de 100 pour des incidents haineux. Il s’agit d’une légère hausse dans le premier cas et d’une baisse dans le second. « On peut toujours s’améliorer en ce sens-là, et c’est l’une des choses sur lesquelles on travaille beaucoup. On fait partie de six regroupements, à la fois policiers et civils, qui travaillent dans ce domaine », a assuré M. Bellerose, soulignant que de la recherche académique se fait aussi.

IMAGE FOURNIE PAR LE SPVM

Il affirme que le corps de police « a mis beaucoup d’emphase ces dernières années, et surtout dans les derniers mois, sur les réseaux sociaux », afin d’y inciter les victimes à dénoncer. « Là, on a aussi huit présentations qui s’en viennent dans les écoles, parce qu’on sait que les enfants sont des vecteurs de transmission envers leurs parents », a-t-il insisté.

« Pour le futur, c’est vraiment de regarder comment on peut diffuser l’information », a poursuivi l’agent Bellerose, évoquant le développement de nouveaux « outils » pour augmenter le nombre de signalements. « Il faut inciter les gens à dénoncer et offrir de l’aide en ce sens. […] C’est un travail de longue haleine. Ce n’est pas quelque chose qu’on fera du jour au lendemain, mais c’est très important pour nous, et on y met beaucoup d’énergie dernièrement », a-t-il ajouté.

À ses yeux, la recette est simple : « Plus ça sera connu [qu’il est possible de dénoncer], plus les gens avoir tendance à le faire, plus il va y avoir de cas rapportés, et plus on va pouvoir être précis ». « Et si les gens ne veulent pas nous parler directement, ils peuvent toujours aller vers un organisme pour avoir du soutien. Au CAVAC, notamment, tu peux avoir du service même en l’absence d’un rapport policier », a-t-il rappelé.

Également à la commission, la commandante du SPVM de la Section spécialisée en violence conjugale, Anouk St-Onge, a dit être très consciente « que pour des victimes de crainte pour la personne, ça peut être intimidant de rentrer dans un poste de quartier ». « Je veux juste vous dire que la police va vous écouter, va prendre votre rapport, et vous allez être accompagnés. Oui, vous allez être entendu », a-t-elle assuré.

En savoir plus
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    Nombre de tentatives de meurtre enregistrées à Montréal l’an dernier, en hausse de 27,1 % par rapport à la moyenne des années 2016 à 2020.
    rapport annuel du spvm